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«Le fait d’avoir trop chaud augmente le risque du syndrome de mort subite du nourrisson.» C'est ce qu'on peut lire dans le dépliant sur le sommeil sécuritaire du bébé de l'Agence de la santé publique du Canada. Toutefois, certains se demandent sur quoi se base cette recommandation.

En fait, l'histoire de celle-ci est un bel exemple de la démarche scientifique: observer une situation, émettre une hypothèse, en évaluer le bien-fondé et ultimement déterminer un mécanisme pour l'expliquer.

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Tout a commencé lorsque certains chercheurs ont remarqué que le nombre de morts subites du nourrisson augmentait constamment après la chute du mercure extérieur. Étrangement, on pouvait même constater que la fréquence des cas était plus élevée vers le nord et diminuait graduellement en allant vers le sud. Les chercheurs ont donc émis l'hypothèse qu'à l'arrivée du froid, quelque chose survenait, mettant les bébés en danger.

Les scientifiques ont alors étudié de façon plus détaillée les circonstances entourant le décès de ces nourrissons. Ils ont remarqué, entre autres, que les poupons décédés étaient significativement plus habillés que les autres. Lorsque la température extérieure diminue, même légèrement, certains parents auraient le réflexe d'habiller beaucoup trop chaudement leur bébé. C'est ainsi qu'on a proposé un lien entre une température corporelle trop élevée et la mort subite du nourrisson.

Les scientifiques ont ensuite voulu déterminer comment la hausse de la température corporelle pouvait avoir un impact sur le décès des bébés. Des chercheurs ont alors identifié un processus en particulier : l'autoressuscitation.

Chez les nourrissons, il arrive parfois que le corps ne reçoive plus suffisamment d'oxygène. Cela conduit alors à une diminution temporaire du métabolisme et des réflexes de même qu'à une pause de la respiration. Lorsque l'oxygène atteint un niveau trop bas, un halètement est déclenché chez le bébé, ce qui contribue à amener de l'oxygène aux poumons. Cela permet ainsi d'améliorer la fréquence cardiaque et la pression sanguine et de remettre en fonction le système nerveux central. C'est ce qu'on appelle l'autoressuscitation.

Malheureusement, lors de la mort subite du nourrisson, le bébé ne réussirait pas à compléter ce processus. Il tenterait bien de haleter, mais le cœur ne reprendrait pas un rythme normal.

D'après une étude effectuée sur des souris, lorsque la température d'un nouveau-né augmente, la fréquence des halètements et leur durée diminuent. Par contre, le rythme cardiaque accélère. La fonction cardiaque et la fonction respiratoire n'étant alors plus coordonnées, le processus d'autoressuscitation ne pourrait pas être complété.

Les chercheurs proposent également que lorsque le bébé est en hyperthermie, il peut se déshydrater. Cette perte de liquide contribue alors à faire baisser la pression sanguine, ce qui complique le processus d'autoressuscitation.

Enfin, lorsque le bébé a très chaud, le corps augmente généralement la circulation à sa surface pour aider à faire baisser la température. Cependant, lors d'un manque d'oxygène, il est préférable de diminuer la circulation de surface pour conserver l'oxygène pour les organes internes.

En d'autres termes, l'augmentation de la chaleur corporelle bloque les mécanismes nécessaires pour protéger le bébé d'un manque d'oxygène. C'est pourquoi le fait d'avoir trop chaud empêcherait un nouveau-né de bien réagir à cette situation et serait responsable en partie de la mort subite du nourrisson.

- Ce billet a d'abord été publié sur le site Maman Éprouvette.

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