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Il était pratiquement aussi célèbre que Henri Molaison, le fameux patient «H.M.» étudié pendant des décennies, entre autres par Brenda Milner, à Montréal, et décédé en 2008. Le patient «K.C.», de son vrai nom Kent Cochrane, vient quant à lui de nous quitter à l’âge de 62 ans le 27 mars dernier.

K.C., qui a grandi en banlieue de Toronto, n’avait pas eu comme H.M. les deux hippocampes chirurgicalement enlevés pour cause d’épilepsie. Lui, c’est plutôt un accident de moto en revenant de travailler, alors qu’il avait 30 ans, qui avait gravement endommagé son cerveau (dont ses deux hippocampes).

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Mais comme H.M, K.C. s’est retrouvé avec un déficit mnésique très profond: une amnésie antérograde totale et une amnésie rétrograde graduelle. Cela veut dire qu’il ne pouvait pas emmagasiner de nouveaux souvenirs ni se rappeler de son passé juste avant l’accident (mais plus on remontait dans le temps avant l’accident, plus il avait de souvenirs).

Sa mémoire explicite était grandement affectée, mais pas tout à fait comme le patient H.M. Kent Cochrane réussissait par exemple à stocker dans sa mémoire de nouvelles connaissances sur le monde puisqu’il savait ce qu’était le SIDA ou Internet quand on lui en parlait, deux concepts qui sont apparus dans la culture populaire après son accident en octobre 1981.

C’est d’ailleurs ce qui a permis à Endel Tulving, qui a beaucoup travaillé avec K.C., d’établir une distinction entre la mémoire épisodique et la mémoire sémantique, les deux grandes subdivisions aujourd’hui reconnues de la mémoire explicite (ou déclarative). Tulving infirmait du même coup l’idée d’un lieu unique pour le stockage de nos souvenirs dans le cerveau, au profit de multiples systèmes faisant appel à différentes structures cérébrales en réseaux.

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