3755527971_6e84e69153_o.jpg
La femme du 21e siècle sera customisée. Du sur-mesure. De haut en bas. Enfin, c’est à croire. D’après les dernières données compilées par Transform, un groupe britannique de cliniques de chirurgie esthétique, plus de 3500 demandes par an de labiaplastie ont été faites entre 2010 et 2013 dont 1150 par des femmes de 18 à 24 ans. Une hausse de 45% en quatre ans qui serait en partie due à l’envie de se conformer à la normalité. On se demande bien laquelle?

La tendance est là pour rester. Les médias, toujours subtils, l’ont bien senti et l’ont déclarée alarmante avant de rendre populaire le terme «designer vagina» dans leurs pages. On ne leur demandera d’ailleurs pas de réviser leur anatomie: le vagin n’ayant rien à voir avec la vulve qui, elle, a toute l’attention des chirurgiens esthétiques ces temps-ci.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

N’empêche qu’aux États-Unis la procédure chirurgicale a aussi connu une hausse de plus de 40% en un an, tandis que le pourcentage de spécialistes de labiaplastie passait de 21% à 29%. Une augmentation que beaucoup attribuent aux images irréalistes des organes génitaux véhiculées par les magazines (pas seulement pornographiques. Les magazines féminins s’y mettent aussi) et Internet. Vraiment?

Ce créneau de la chirurgie esthétique est avant tout très lucratif pour les médecins qui la pratiquent. L’opération coûte au minimum 4500 dollars. À ce tarif, ils ne se gênent pas pour en faire la promotion auprès des femmes. Un message de propagande qui vante la chirurgie «labiale» comme une réponse à leur insécurité quant à l’apparence de leurs organes génitaux. Insécurité d’autant renforcée que la publicité prescrit une esthétique standard et homogène, celle d’une vulve prépubère. Franchement.

Toutes ces considérations esthétiques (et financières) ne rappellent pourtant pas assez que l’opération est sans retour et potentiellement risquée.

Au diable, l’esthétisme!

Chez nos voisins du Sud, l'American Congress of Obstetricians and Gynaecologists considère cette chirurgie comme inutile et potentiellement dangereuse. Sans parler des questions éthiques soulevés par leurs confrères britanniques du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists. De son côté, l’American Board of Obstetrics and Gynaecology ne reconnaît même pas ce type de chirurgie comme une spécialité.

Et pour cause. Même en cas d’intervention médicale, la labiaplastie n’a jamais prouvé son efficacité. La chirurgie peut même avoir des effets dommageables: infection, cicatrices et rapports sexuels douloureux, douleurs et inconforts persistants. Des heures de plaisir aux oubliettes pour un coup de scalpel sur des lèvres censées l’apporter.

D’ailleurs, les médecins, qui s’insurgent contre ces chirurgies, le martèlent à l’unisson: les parties génitales externes viennent dans toutes sortes de formes et de taille. Une évidence que l’artiste britannique Jamie McCartney a illustré de manière monumentale dans The Great Wall of Vagina , une sculpture murale de 400 parties intimes de femmes âgées de 18 à 76 ans. Une ode à la diversité qui saura rassurer les hésitantes sur leur normalité.

Je donne