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Parmi les choses les plus difficiles à expliquer quand on parle du cerveau, l’aspect tridimensionnel des structures cérébrales et le caractère dynamique de l’activité nerveuse trônent pas mal au sommet. On n’a qu’à penser à l’admiration qu’ont suscitée il y a 20 ou 30 ans les premières images de l’activité fonctionnelle du cerveau de sujets vivants ou des approches plus récentes rendant le cerveau transparent pour mieux l’explorer. Pas étonnant qu’une représentation tridimensionnelle de l’activité dynamique du cerveau humain d’un sujet en temps réel ait attiré l’attention durant la dernière année et ait laissée quelques bouches bées d’admiration!

Et de fait, le petit extrait d’un peu plus d’une minute présenté dans le lien ci-bas présenté par le Gazzaleylab de l’université de Californie à San Francisco est non seulement splendide visuellement, mais impressionnant par le nombre de techniques combinées qui l’ont rendu possible. On parle de résonance magnétique fonctionnelle pour générer le modèle 3D du cerveau de l’individu, d’imagerie de diffusion pour reconstruire ses grandes voies nerveuses, et d’autres techniques complexes pour appliquer aux bons endroits sur ce modèle anatomique les flux d’activité nerveuse captés avec un électroencéphalographe (EEG).

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Cela est supposé nous montrer en temps réel les variations d’activité nerveuse du cerveau de cet individu en transposant en plus les différentes fréquences d’oscillation neuronales captées par l’EEG en différentes couleurs qui apparaissent de manière évanescente dans la représentation 3D. Les pulses de lumière qui se propagent le long des fibres nerveuses dorées correspondraient quant à eux à l’importance du transfert d’information le long de ces grandes autoroutes neuronales.

Le problème, pour certains commentateurs assidus de l’actualité des neuroscience comme Deric Bownds qui en parlait dans sa conférence présentée ici il y a quelques semaines, c’est que tout cela est un peu du charabia. Dans le sens où il n’y a pas de légende accompagnant l’animation pour y faire la moindre correspondance, ne serait-ce qu’avec les différentes couleurs censés représenter des fréquences d’oscillations déterminées. On aurait aussi demandé aux sujets d’ouvrir et de fermer leurs yeux ou leurs mains durant l’enregistrement. Encore ici, aucun repère temporel nous permettant d’identifier ces instants. Et surtout, pas de publication scientifique revue par les pairs ou de manuscrit soumis qui soit associé à ce travail.

Bonds en conclut qu’il s’agit là d’un autre exemple de ce que de nombreux laboratoires en sciences cognitives se sentent obligés de faire: sortir rapidement des images spectaculaires qui font parler d’eux, à défaut d’avoir toutes les précisions rigoureuses disponibles avec elles. La compétition est souvent féroce dans ces milieux où tout le monde s’arrache les budgets de subvention disponibles. Bonds, chercheur à la retraite, se demande ainsi avec un soupçon de nostalgie s’il est encore possible de simplement envoyer son article à une revue pour qu’on l’évalue et la publie.

Car aujourd’hui, il y a de plus en plus toute une machine de relation publique qui s’active dans une université lorsqu’une équipe annonce le moindre résultat. On publie alors immédiatement un communiqué de presse et l'on essaie d’avoir un article dans un grand média et dans des blogues scientifiques bien en vue, souvent avant même que l’article ne soit publié ou même soumis. Bref, la science est une activité humaine comme une autre, et en faire un peu la sociologie ne peut jamais nuire, à plus forte raison quand ce qu’elle produit nous laisse pantois d’admiration!

Glass brain flythrough - Gazzaleylab / SCCN / Neuroscapelab

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