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Une nouvelle troublante a fait l'actualité il y a quelques semaines. Un bébé de 13 mois aurait été diagnostiqué porteur du VIH en Belgique. La cause de l'infection: l'allaitement. Cette annonce est stupéfiante, car ce genre de transmission est excessivement rare dans les pays développés. En Amérique du Nord, en Europe et en Australie les femmes séropositives ne sont en effet pas encouragées à allaiter.

Pourrait-il s'agir d'une erreur? Il semble que non. Pendant la grossesse et lors de l'accouchement, la mère et le bébé étaient tous deux VIH négatif. Ce sont de nouveaux tests vers l'âge d'un an qui ont révélé la contamination. Les experts croient donc que la mère a été elle-même infectée après la naissance de l'enfant et que le virus a été transmis par son lait.

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Si la mère avait été porteuse du VIH pendant la grossesse ou à la naissance, le personnel médical l'aurait fortement incitée à nourrir son nouveau-né avec des préparations commerciales pour nourrisson. On estime en effet que, dans les pays développés, il existe des alternatives sécuritaires à l'allaitement et qu'il est alors préférable d'éviter que le bébé ne soit contaminé par le virus pouvant être présent dans le lait maternel.

Dans les pays peu développés, la situation est nettement différente. Bien que 40% des infections au VIH chez les enfants soient acquises pendant l'allaitement, la santé publique juge que les mères séropositives devraient tout de même allaiter. Les recommandations qui ont déjà suggéré de suspendre l'allaitement ont été accompagnées d'une vague de décès par diarrhée chez les nourrissons. Les conditions d'hygiène sont à ce point déplorables que les bénéfices d'allaiter, même pour une femme porteuse du VIH, y dépassent largement les risques.

Quels sont ces risques?

Lorsqu'une mère est séropositive et qu'aucune intervention n'est entreprise, on estime que le bébé sera infecté dans 20 à 40% des cas, que ce soit pendant la grossesse, l'accouchement ou l'allaitement. La transmission par le lait maternel seul se produirait dans 9 à 16% des cas.

Cependant, plusieurs facteurs peuvent influencer la transmission du VIH par le lait maternel. Bien sûr, la durée et le style d'allaitement auront un impact. On observe en effet que l'allaitement exclusif diminue par 11 fois le risque de transmission, en comparaison avec un allaitement mixte. La santé des seins a aussi un rôle à jouer puisque les mastites ou les abcès augmentent le risque. Enfin, la charge virale, c'est-à-dire la quantité de virus dans le sang, est à considérer. Pour cette raison, les antirétroviraux qui tuent le VIH rendent l'allaitement beaucoup plus sécuritaire. Avec ces médicaments, le risque de transmission chute à environ 1 à 4%.

L'évaluation du risque d'allaiter chez les mères séropositives demeure donc complexe et varie selon la région dans le monde dans laquelle on se trouve. Le stade de l'allaitement serait même à prendre en compte. Par exemple, certaines études semblent indiquer que le colostrum, c'est-à-dire le premier lait, aurait une charge virale plus importante.

Autant dans les pays industrialisés que dans ceux en développement, la santé publique cherche maintenant à travailler en amont. Si on peut diminuer le nombre de mères infectées par le VIH, on pourra aider du même coup une multitude d'enfants. Une stratégie qui est peut-être plus payante que d'évaluer le risque de transmission par l'allaitement.

Ce billet a d'abord été publié sur le site Maman Éprouvette.

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