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Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), créée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé, le 20 mars dernier, le glyphosate, l’un des herbicides les plus utilisés dans le monde, comme cancérigène « probable » pour l’homme.

Nommée « groupe 2A », cette catégorie regroupe des agents, des substances, tel que le formaldéhyde, dont le caractère cancérigène a été suffisamment mis en évidence chez les animaux mais dont les preuves sont encore limitées chez l’homme.

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Dans les faits, cette classification du glyphosate indique que les preuves sont limitées quant à une association observable entre l’exposition à l’agent et l’apparition de cancer chez l’homme. L’IARC cible, notamment, les lymphomes non hodgkiniens qui s’attaquent au système immunitaire et les cancers du sang ou leucémies.

Par ailleurs, ce pesticide n’est pas le seul mis en cause et à être classé comme cancérigène « probable » pour l’homme. Les herbicides malathion et diazinon font également leur entrée dans le groupe 2A. Les herbicides tetrachlorvinphos et parathion, quant à eux, passent dans le groupe 2B, soit « possiblement » cancérigènes pour l’homme.

Des études sur l’exposition agricole de ces substances menées aux Etats-Unis, au Canada et en Suède, ainsi qu’en laboratoire sur des animaux, ont servi de bases pour évaluer les risques.

De plus, pour ceux qui hésitent à accepter cette annonce et esquissent une contre-attaque, Nicolas Gaudin, directeur de la communication au CIRC est clair : « Nos évaluations correspondent à une méthodologie très précise. Nous appliquons les mêmes méthodes de travail depuis quarante ans, et nos évaluations sont utilisées comme références depuis quarante ans par les gouvernements du monde entier. »

Une autre étude, publiée le 24 mars dans le journal de la Société états-unienne de microbiologie, mBio, vient ternir l’image du glyphosate, le produit phare de Monsanto. Notre résistance aux antibiotiques serait aussi une des conséquences de l’utilisation du pesticide.

Exposées aux pesticides, présents dans l’eau, la terre et l’air, les bactéries réagissent différemment aux antibiotiques qui perdent ainsi en efficacité. Les victimes sont des médicaments considérés comme essentiels par l’OMS tels que l’ampicilline, la ciprofloxacine et la tétracycline, utilisés pour traiter un large éventail de maladies mortelles.

Là encore, comme le souligne Elizabeth Grossman dans son article, le glyphosate n’est pas le seul herbicide en cause dans l’étude. Les chercheurs ont ciblé le Bicamba et le 2-4 D, utilisés depuis des décennies.

De ce point de vue, le comportement de Patrick Moore en entrevue pour l’émission Spécial Investigation en septembre 2014 prend tout son sens. Cet ancien dirigeant de Greenpeace, devenu un défenseur de Monsanto, a affirmé au journaliste que le glyphosate contenu dans l’herbicide Roundup était inoffensif pour l’homme.

Non seulement l’agent ne cause pas le cancer, comme il le prétend, mais le fait d’en boire un grand verre serait sans danger. Le journaliste a pris le lobbyiste au mot et lui a proposé un verre de Roundup. La réaction de M. Moore ne s’est pas fait attendre. Il se rétracte et déclare ne pas être un « idiot » avant de couper court à l’entrevue et d’insulter le journaliste.

Laura Meuret

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