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Blonde, plantureuse et toujours prête à s’offrir, la poupée sexuelle Dollstory, qu’on achète sur commande (au moins 6200 euros) a une peau satinée semblable à celle d’une humaine. Sa rivale Roxxxy, avec trois « x » pour ceux qui n’auraient pas compris, s’apprête à envahir le marché. Dotée d’intelligence artificielle, elle serait le premier « robot sexuel » selon son inventeur, l’Américain Douglas Hines.

Le sexe avec un robot? Ça peut paraître cocasse, mais ça existe. Au point où des scientifiques anglais ont lancé une campagne pour bannir le développement de l’industrie où l’intelligence artificielle convole avec le divertissement coquin. « Nous n’avons pas besoin de cette technologie », dit en substance la première signataire, Kathleen Richardson, de l’Université Montfort, à Leicester. « La sexualisation des robots semble susciter un intérêt croissant dans l’industrie de la robotique et cela nous apparait très inquiétant », a-t-elle déclaré à la BBC. Le sexe, poursuit cette éthicienne, n’est pas réductible à un échange physique.

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Certes, il est intéressant de soulever des questions morales sur des objets de forme humaine auxquels on aurait incarné quelques puces électroniques – mettons l’équivalent d’un téléphone intelligent. Peut-on fabriquer des enfants qui auraient de telles formes? Peut-on les violenter? Puis-je prêter mon robot sexuel à mes amis? À mes enfants? En contrepartie, on évoque le fait que de tels godemichés postmodernes pourraient permettre aux pervers d’assouvir leurs fantasmes en toute discrétion.

Le robot sexuel soulève indiscutablement des dilemmes moraux que n’auraient pas un aspirateur ou un grille-pain; voire un ordinateur. Vous pouvez jeter votre vieux PC sans éveiller de soupçons. Si vous déposez à la rue votre robot sexuel périmé, les habitants du quartier pourraient s’inquiéter le jour du ramassage des ordures…

Et si le robot sexuel n’était que la pointe de l’iceberg? Au fond, il y a bien longtemps que la science, de concert avec l’industrie pharmaceutique, s’intéresse au sexe. Prenez l’un des médicaments les plus étonnants du 20e siècle : le sildénafil citrate, mieux connu sous son nom commercial, Viagra. Il a valu la fortune à son créateur, Pfizer. Les remèdes au dysfonctionnement érectile se déclinent aujourd’hui en de multiples variétés. On a même vu la FDA approuver le mois dernier le « Viagra pour femme », une molécule qui est loin de faire l’unanimité.

Ces molécules libidinales sont-elles des nécessités médicales? Permettent-elles de prolonger la vie des gens? Ont-elles un quelconque effet sur la santé publique?

En définitive, les robots sexuels pourraient être un grand mensonge qui ne fait que distraire les gens sur les médias sociaux. Franchement, a-t-on vraiment envie de s’offrir une automate préprogrammée? N’y a-t-il pas dans cette histoire une insupportable odeur de silicone?

Après tout, on serait mieux servi avec des robots qui font le ménage, nettoient la vaisselle ou transportent les ordures. Comme je l’ai démontré dans mon livre Le futur prêt-à-porter (MultiMondes, 2011), la robotisation n’a pas livré les promesses qu’elle a engendrées dans l’esprit humain.

Mathieu-Robert Sauvé

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