Branding-systema-naturae, Micrologie, 2017

Réduction des crédits de recherche ou engagement pour la cause ? Les scientifiques en charge de décrire les nouvelles espèces ont complètement craqué !

Rien que dernièrement, une orchidée mexicaine se voit affublée d’un Dudleya hendrixii, en hommage à Jimi, et un petit poisson corallien porte fièrement le nom de Tosanoides obama, respect pour Barack. Jusque-là ça fait sourire, on aime le rock’n roll et les démarches chaloupées. Puis, la goutte d’eau ! Apparaît sur les listes le papillon Neopalpa donaldtrumpi ! Certes, il y a comme une ressemblance (les cheveux peut-être ?).

Neopalpa donaldtrumpi
Neopalpa donaldtrumpi

Le chercheur-découvreur joue donc le jeu, respectant la tradition de la nomenclature binomiale dont un des principes repose sur les caractéristiques de l’animal. Voyant la tronche du papillon, on pourrait même lui prêter un certain sens de l’humour. Sauf que le chercheur en question n’assume pas pour un sou… je cite ici la conclusion de son article : « En nommant cette espèce après le 45e président des États-Unis, j’espère attirer l’attention et l’intérêt du public sur l’importance de la taxonomie pour une meilleure compréhension de la micro-faune, composante de la biodiversité nord-américaine ». Apparemment, ce n’est pas que pour rigoler qu’un biologiste, systématicien, évolutionniste de surcroît, rend hommage à un président créationniste.

Marketing et papillon

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Laissons Trump s’occuper de ses cheveux et revenons sur la motivation : attirer l’attention.

Tout le monde prend son petit manuel de la réussite et ouvre la page une. Première leçon de marketing : trouver le nom qui va bien. Avant l’avènement du branding, qui s’étend aujourd’hui de l’entreprise à mon chien qui, lui aussi, normal, possède son propre logo, l’humanité nommait ce qui l’entoure pour mettre un peu d’ordre dans le réel. Noble tâche, désintéressée s’il en est, à laquelle participent les taxonomistes. Depuis le XVIIIème siècle, ces scientifiques d’un genre particulier classent le chaos du vivant, complètement ingérable en l’état. Ils abattent tout un boulot, aujourd’hui encore, plus de 16 000 nouvelles espèces sont décrites chaque année en moyenne. Personne ne leur reproche donc d’avoir envie de se détendre un peu : Dark vador a son coléoptère, une araignée s’appelle Aptotstichus angelinajolieae, etc. Mais dès qu’il est question de nommer pour « mieux vendre » son projet de recherche, c’est juste de l’opportunisme bas de gamme. Le vrai drame : ça marche ! La découverte de ce banal insecte qui, soyons réaliste, n’intéresse personne et n’apporte vraiment pas grand chose, sort dans tous les journaux, de la BBC au Sun, en passant par le Parisien.

Source : Review of Neopalpa Povolný, 1998 with description of a new species from California and Baja California, Mexico (Lepidoptera, Gelechiidae), ZooKeys 646: 79-94 (17 Jan 2017)

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