Chantier amazonien, micrologie

428 barrages hydroélectriques dans le plus grand bassin du monde !

Chez micrologie, on aime les poissons ! … tout particulièrement les poissons amazoniens. Alors si des scientifiques alertent sur les barrages hydroélectriques, je me fais un devoir de vous en parler, surtout quand des copains brésiliens sont parmi les auteurs d’un article paru aujourd’hui dans Nature.

Tudo grande !

Sachez que la situation est très préoccupante. Au programme : 428 barrages ! 140 sont déjà installés ou en construction.

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Tout est grand en Amazonie et, là bas, on ne fait pas dans la dentelle. Je vous épargne le discours « poumon de la planète », les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le bassin amazonien s’étend des Andes à l’Atlantique, sur 6,1 millions de kilomètres carrés. En gros, si vous regardez l’Amérique du Sud, l’Amazonie couvre plus du tiers du continent ! Et là, on parle d’un bassin hydrographique, tout est connecté en un gigantesque réseau de cours d’eau où circulent la vie, l’eau, les matières. À une telle échelle, ça brasse du lourd : 2 500 espèces de poissons d’eau douce, 18 % du flux d’eau douce de la planète, les quatre plus grandes rivières du monde, sept pays, un million de km2 de zones humides, 300 millions de tonnes de sédiments transportés par an. Ça va ? Vous êtes calmés ?

Le problème est qu’apparemment les politiques et les aménageurs n’ont pas très bien compris comment fonctionne un bassin hydrographique à l’échelle d’un continent. D’après la publication dans Nature, pour chaque barrage, l’évaluation des impacts environnementaux se limite au local, dans le périmètre autour de la construction. Les effets sur l’ensemble du bassin passent à la trappe.

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Les scientifiques appellent donc à une sérieuse révision du plan d’aménagement. En établissant un indice de vulnérabilité (DEVI : Dam Environmental Vulnerability Index), ils localisent les secteurs géographiques les plus menacés. Pas de chance, les grands projets hydroélectriques sont prévus là où ça fait mal, dans le sud, dans le sous bassin du Madeira partagé entre la Bolivie, le Pérou et le Brésil. En effet, le Madeira, cette rivière géante, charge à lui seul plus de la moitié des sédiments de l’Amazonie, en provenance des Andes, il abrite une biodiversité hallucinante et est un important couloir de migration pour les poissons.

Alors, oui, c’est grave ! D’après les chercheurs, la question de l’énergie doit être appréhendée sur l’ensemble du bassin, prendre en compte les données scientifiques et impliquer une meilleure coopération entre les pays, contrairement à ce qu’il se passe. À l’heure actuelle, le secteur de l’énergie fonctionne comme un agent indépendant, les décisions sont verticales et centralisées au sein de chaque gouvernement (notamment le gouvernement brésilien).

Amazon citizens

OK, le Brésil a besoin d’électricité. Mais, à l’heure où la planète s’engage vers la transition énergétique, tirons les leçons du passé. Avec le pétrole ou le nucléaire, nous avons bien vu que mettre tous ses œufs dans le même panier n’est pas la solution. Plutôt que de tout baser sur des barrages pharaoniques qui risquent d’avoir des conséquences à grande échelle, le mix énergétique est encore ce qu’il se fait de mieux. En Amérique du Sud, vu le climat, il y a vraiment de quoi développer les énergies solaires et éoliennes…

En Amazonie, la mobilisation de la communauté scientifique et de la société civile a permis par le passé de freiner la déforestation. Aujourd’hui, avec ce programme de barrage délirant, vous avez un nouveau dossier sur votre bureau !

 

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