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La microbiologie demeure un domaine scientifique méconnu du grand public. Pourtant, ce domaine des sciences appliquées est au coeur même de la santé des populations et les Québécois n'y font pas exception. Essentielle dans le secteur industriel ou encore celui de la recherche pharmacologique, son impact est aussi reconnu dans le domaine médical alors qu'elle contribue à assurer la santé et la sécurité de vies humaines.

 

La microbiologie permet de comprendre les bactéries, les virus et autres microorganismes qui peuvent, lorsqu'ils sont pathogènes, causer des maladies importantes et parfois mortelles. En plus de pouvoir élaborer des approches et des traitements en vue de rétablir la santé, elle sert comme outil de prévention de premier plan lorsqu'elle contribue à la surveillance de la qualité des aliments.

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Il suffit de penser à la listériose dans l'industrie du fromage, aux algues bleues, aux problèmes de moisissure dans nos écoles et dans nos hôpitaux, à l'éclosion mortelle de légionellose à Québec et à la viande contaminée chez Maple Leaf et XL Food pour comprendre l'importance du travail des microbiologistes dans nos vies. Dans ce contexte, il est facile de constater la nécessité d'encadrer la profession pour qu'elle jouisse d'une surveillance adéquate de ses pratiques professionnelles.

Il faut donc déplorer qu'aucun mécanisme ne soit mis en place pour garantir à nos microbiologistes de disposer des outils nécessaires pour exercer pleinement leur responsabilité professionnelle à l'égard de la protection du public. L'Association des microbiologistes du Québec (AMQ), qui compte 430 membres, souhaite donc depuis plusieurs années que sa profession soit encadrée par un ordre. À ce jour, elle ne possède pas tous les leviers de sanction et constate à regret que les besoins grandissants pour des services de pointe ne trouvent pas toujours de solutions adéquates.

Rappelons que l'Office des professions du Québec a commencé des travaux afin de statuer sur les modalités d'un encadrement des microbiologistes par un ordre professionnel, mais que l'exercice s'éternise et a dû être repoussé à plusieurs reprises.

Pourquoi un ordre ?

Les enjeux sont grandissants. Par exemple, certains établissements, comme c'est le cas de plusieurs écoles, rencontrent des problèmes de moisissure. Un diagnostic juste, fait par un microbiologiste certifié, assure des recommandations et des solutions approuvées. Les coûts de reconstruction sont énormes et les budgets ne suivent pas toujours. Pour que l'argent serve là où ça compte, il faut pouvoir poser les bons gestes. À l'heure où des institutions doivent faire des choix d'une grande importance, un encadrement par un ordre professionnel pourrait faire toute la différence. Avec les besoins, apparaissent malheureusement nombre d'experts en tous genres. Regrettablement, ces experts n'ont pas toujours la formation essentielle et les connaissances requises.

L'Association souhaiterait voir enfin une volonté politique considérer l'importance supérieure et l'avantage réel d'une telle démarche. L'État aurait lui-même tout intérêt à voir apparaître un encadrement de cette nature alors que nos spécialistes sont souvent employés par les services publics ou encore appelés à statuer sur des enjeux primordiaux pour la population du Québec. Un tel encadrement des microbiologistes serait, selon l'AMQ, l'assurance de la qualité, d'une meilleure formation et de la conformité des pratiques.

Patrick D. Paquette, président de l'AMQ

- Cette lettre d'opinion a d'abord été publié sur le site du journal Le Soleil.

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Patrick D. Paquette, M.Sc., Mcb.A., RMCCM

Microbiologiste agréé & biochimiste

Communicateur scientifique et consultant en microbiologie

Suivez-moi sur Twitter: @patdpaquette │ Courriel: mesconsultants@outlook.com

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