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Si la Nasa veut continuer d’envoyer des humains dans l’espace, et si les Russes veulent maintenir la station spatiale internationale en bon état, tous deux ont intérêt à soigner leurs bonnes relations. Or, les rumeurs récentes d’un sabotage là-haut arrivent à un mauvais moment.

Le trou de deux millimètres, manifestement fait par une perceuse et découvert le mois dernier dans un compartiment d’une des deux capsules Soyouz amarrées à la station (pas celle qui est revenue sur Terre cette semaine), est-il le fruit d’un ouvrier négligent en Russie, comme l’ont affirmé des médias américains, ou d’un astronaute américain dépressif, comme l’ont affirmé des médias russes ? L’escalade de rumeurs et d’insinuations a jeté un froid.

Pendant des années, les agences spatiales américaine et russe passaient outre aux chicanes politiques, en raison de leurs intérêts mutuels. Mais l’an prochain, en théorie, les Américains pourraient ne plus avoir autant besoin des Russes : pour la première fois depuis l’arrêt des navettes spatiales en 2011, des astronautes pourraient être lancés depuis les États-Unis. Les deux compagnies dans la course, Boeing et SpaceX, espèrent toutes deux franchir la ligne d’arrivée, après cinq années de travail — et de multiples délais.

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Le problème, note le New Scientist, c’est que ce n’est pas encore joué. Bien que SpaceX ait accumulé les succès ces dernières années, elle a aussi accumulé les dérives, gracieusetés de son milliardaire fondateur Elon Musk. Or, les places pour monter sur la station sont chères, au point où tous les sièges sur des fusées Soyouz, après 2020, ont déjà été réservés pour des astronautes russes ou leurs clients, parce qu’on faisait le pari que les Américains auraient à ce moment leur propre moyen de transport. Autrement dit, si Boeing ou SpaceX prennent trop de retard, il pourrait ne plus y avoir aucun Américain sur la station spatiale à partir de 2020, pour la première fois de son histoire. Parallèlement, une autre échéance approche : les budgets du gouvernement américain ne prévoient pour l’instant aucun financement de la station spatiale après 2024.

 

Ajout 11 octobre - Un incident qui aurait pu virer en tragédie ne simplifiera pas les choses: la Russie suspend temporairement ses vols habités après l'accident d'une fusée Soyouz peu après son décollage. Cet événement, parce qu'il survient dans la foulée de la querelle autour de ces rumeurs de sabotage, pourrait devenir un point tournant, écrit le New Scientist. Par exemple, combien de temps les Soyouz seront-elles interdites de vol, et quelles garanties demandera la NASA pour y laisser partir un de ses astronautes?

Les trois astronautes qui sont déjà à bord de la station, depuis juin, ne sont pas en danger: ils ont une capsule Soyouz pour rentrer sur Terre si besoin est. Mais leur retour était prévu pour décembre, et il n'est pas sûr qu'il puisse être retardé. S'ils quittaient alors que leurs remplaçants étaient toujours cloués au sol, ce serait la première fois depuis 18 ans que la station serait inoccupée.

Ajout 2 novembre: Une fusée Soyouz s'envolera finalement le 3 décembre vers la station spatiale, tel que prévu avant l'accident du 11 octobre (et même plus tôt que prévu). L'un des trois astronautes à bord sera le Québécois David Saint-Jacques.

Ajout 26 décembre: une sortie à l'extérieur de la station pour inspecter l'extérieur de la capsule Soyouz tendrait à confirmer que ce trou a été fait depuis l'intérieur de la capsule. Que cela ait été fait sur Terre ou en orbite reste toutefois à démontrer.

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