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Alors que cette campagne électorale s’achève, il n’y a jamais eu autant de scientifiques —et d’amis de la science— impliqués dans une élection au Canada. Mais l’impact sur le grand public, sur l’électorat, voire sur la couverture médiatique, aura été indétectable, surtout si on le compare à ces enjeux prioritaires que sont le niqab... ou les cheveux de Justin.

Le Science Integrity Project. Le manifeste environnemental lancé par Naomi Klein et d’autres célébrités. La lettre d’appui à la science ( Science Pledge ) par Evidence from Democracy et leur liste de « cas-types ». Les réunions de quartier Get Science Right.

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En plus de ces organismes qui ont proposé des questions à poser aux candidats locaux : Equiterre, Alternatives Journal et le syndicat des professionnels de la fonction publique. Avant la campagne, on avait aussi vu apparaître une petite coalition de scientifiques et de leurs alliés, Unmuzzle Canada, ainsi qu’un document préparé par 70 scientifiques, Sustainable Canada Dialogues (Dialogue pour un Canada vert, dont nous avons parlé à Je vote pour la science ).

Enfin, parallèlement à tout cela, deux débats sur la science on été organisés en septembre, à l’Université de Sherbrooke et à celle de Victoria, Colombie-Britannique. Débats entre des candidats «ordinaires», pas entre des chefs, eux dont les débats télévisés n’auraient apparemment pas comporté une seule question sur la science... depuis 1968!

Même sans ces initiatives, il y aurait déjà eu plus de citoyens que jamais à être conscients que des enjeux scientifiques devraient légitimement faire partie d’une campagne électorale : le musellement des scientifiques est un phénomène désormais connu, et des sondages continuent de révéler que les changements climatiques font partie des sujets qui préoccupent une majorité d’électeurs.

Mais si les scientifiques ont de quoi se réjouir de leur présence accrue dans l’espace public, le journaliste en moi n’a pu s’empêcher d’avoir un sentiment d’éparpillement ces dernières semaines. À l’évidence, plusieurs des personnes derrière ces initiatives (et d'autres) ignoraient tout des autres initiatives et réinventaient la roue.

La meilleure chose qui pourrait leur arriver serait de continuer leurs activités après le 19 octobre: ceux qui veulent que la science s’enracine dans l’espace public devraient poursuivre leurs revues de presse, écrire d’autres lettres d’opinion, mobiliser leurs réseaux... Ces individus et ces groupes auraient du boulot, s’ils voulaient partager leurs expertises des derniers mois et réunir leurs efforts. En d’autres termes, s’ils agissaient comme les journalistes: en suivant l’actualité pendant les quatre prochaines années, plutôt que de fermer les livres et de recommencer dans quatre ans.

Après tout, on ne parlera pas que du niqab dans les quatre prochaines années. Il pourrait même, qui sait, on peut rêver, y avoir un petit trou dans l’espace médiatique pour faire entrer un peu plus de journalisme scientifique...

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