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Pour l’actualité qui traverse à l’intersection de la science et de la politique, c’était une semaine à donner le tournis à Ottawa. Quatre choses instructives retenues d’une lecture des médias.

1) «Démusellement». Dès vendredi, des journalistes n’en revenaient pas: «lors d’une conférence sur le homard, le biologiste Marc Lanteigne a accordé une entrevue au journaliste de Radio-Canada lorsqu’ils se sont croisés.» Un événement historique, quoi.

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L’annonce est venue initialement du National Observer qui expliquait qu’à l’Institut d’océanographie Bedford, en Nouvelle-Écosse, la directive sur le nouveau droit de parole provenait directement du sous-ministre adjoint à la science au ministère des Pêches et Océans.

Ce que cette nouvelle nous a appris? Qu’il existe un sous-ministre adjoint à la science au ministère des Pêches et Océans.

2) Le Canada a maintenant deux ministres de la Science : en fait, oui et non, Oui, ce sont bien deux personnes, on les a vues lors de la présentation du cabinet mercredi, mais l’un, ou plutôt l’une, travaille sous le parapluie de l’autre. En l’occurrence, Navdeep Bains, le ministre de la Science, de l’Innovation et du développement économique, est à la tête du «vrai» ministère, qui chapeaute Kristy Duncan, ministre de la Science.

Cette nouvelle aura permis aux journalistes politiques de faire un travail de vulgarisation (c'est bien leur tour): qu’est-ce qu’un ministre d’État ou (comme il faut dire maintenant) «ministre délégué». Ce dernier est, comme son nom l’indique, «délégué à un autre ministre».

Incidemment, les cinq ministres d’État, dont Mme Duncan à la Science, avaient aussi une paye inférieure aux «vrais» ministres, mais comme il s’est avéré que les cinq ministres d’État étaient toutes des femmes, le tir a été corrigé assez vite.

3) Le retour du recensement long. C’est justement le ministre Navdeep Bains qui a fait jeudi la première annonce officielle du nouveau gouvernement: le formulaire long sera de retour pour le recensement de 2016. Le gouvernement Harper l’avait aboli en 2010, au grand dam des statisticiens, des scientifiques et, apprendrait-on plus tard, de toutes sortes de villes et de groupes qui avaient un besoin vital de ces données.

Ce que cette nouvelle nous a appris? Que parmi les organismes et les individus unanimes à saluer le retour de cet outil, se trouve... l’ex-ministre conservateur qui était responsable de Statistique Canada en 2010. Interrogé par les journalistes, Tony Clement, redevenu à présent simple député, a en effet déclaré: «avec le recul, je dirais qu’il aurait été mieux d’avoir un débat plus large sur la collecte des données dans notre pays et de venir avec un meilleur système.» Si c’est lui qui le dit.

4) Le retour des changements climatiques. Le ministère de l’Environnement a donc été rebaptisé ministère de l’Environnement et du changement climatique. Ce que cette nouvelle nous a appris? Que pour des représentants de l’industrie pétrolière, «changement climatique» est un terme «menaçant». Au sens de: attaque verbale hostile. Pour le directeur de Mullen Group, «vous attaquez vraiment l’industrie de l’énergie. C’est ça que signifie changement climatique.»

Propos corroborés par le ministre de l’Environnement de l’Ontario: «ces 10 dernières années, aux tables fédéral-provincial, ils ne permettaient même pas que les mots changements climatiques soient utilisés». Une forme originale de gestion de conflits, en somme.

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