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Dans mon dernier billet, je faisais état des perspectives d’emplois décevantes pour les doctorants en sciences de la vie. C’est un constat qui a de quoi surprendre, après tout, le Canada est un pays moderne et technologiquement avancé possédant de nombreux atouts. On devrait donc s’attendre à y trouver un haut niveau d’innovation provenant d’un secteur des sciences et technologies vigoureux pouvant donner des emplois à des scientifiques hautement qualifiés. Je me suis donc demandé comment se classe l’économie canadienne en matière d’innovation.

Une façon de répondre à cette question est de regarder un paramètre intimement lié à l’innovation : les investissements en recherche et développement. Pourquoi ? Parce que, dans un contexte où le secteur manufacturier s’effondre au profit d’autres pays, c’est la recherche et l’innovation qui sont les clés pour rendre nos entreprises compétitives et nous permettre de nous démarquer par rapport à nos concurrents.

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Les statistiques que l’on peut trouver sur ce paramètre pour le Canada, notamment sur le site de la Banque mondiale, n’ont rien de bien rassurant. En effet, sur 32 des 35 pays membres de l’Organisation de coopération et développement économique (OCDE) pour lesquels la Banque mondiale a pu calculer ce paramètre en 2012, le Canada se classe au 17e rang, avec 1,71 % du produit intérieur brut (PIB) investi en recherche et développement. À première vue, être en milieu de peloton peut sembler acceptable, mais si l'on met les choses en perspective et que l’on constate que la République tchèque nous devance au 16e rang avec 1,79 %, c’est préoccupant. La République tchèque n’est certes pas le tiers monde, mais c’est un pays qui est loin de posséder les atouts que nous avons, comme le montre son PIB par habitant 30 % inférieur au nôtre. 1,71 %, c’est aussi bien peu comparé à des pays scandinaves comme la Suède et la Finlande, à respectivement 3,28 et 3,42 %, et surtout par rapport au grand champion, Israël, à 4,25 %. Plus inquiétant encore, même en nous comparant à nous-mêmes, on constate que les investissements en recherche et développement ont continuellement chuté depuis les années 2000, passant de 2 % à 1,71 %. Une véritable anomalie, compte tenu de l’importance de cet enjeu pour notre avenir et sachant que la moyenne des pays de l’OCDE a constamment augmenté pendant la même période. Ces chiffres font écho à d’autres rapports comme celui du Conference Board .

Il faut se préoccuper de ces données parce qu’elles reflètent le niveau anémique d’innovation de l’économie canadienne, encore beaucoup trop dépendante du secteur des ressources. Récemment, nous avons eu une occasion en or de nous attaquer à ce défi : le gouvernement libéral de Justin Trudeau a débloqué des milliards de dollars pour redynamiser l’économie canadienne. Tout indique que ce rendez-vous sera à nouveau raté, parce que sur les 2 milliards promis pour s’attaquer au problème de l’innovation dans les deux prochaines années, 80 % seront investis en infrastructures d’institutions postsecondaires (Budget fédéral 2016 ; Tableau 2.2). C’est une solution facile à un problème beaucoup plus profond et complexe. Nul doute qu’une partie de ces investissements étaient nécessaires, mais une transformation durable de notre économie requiert des investissements dans la matière grise, plus que dans la brique et le béton.

Un pont dure de 50 (s’il est mal bâti, comme l’ancien pont Champlain) à 100 ans, après quoi il faut tout jeter par terre pour reconstruire. Une innovation technologique, elle, peut avoir des retombées économiques plus importantes et sur une plus longue période, parce qu’elle sert de plateforme pour d’autres innovations futures, en plus de créer un savoir-faire et une expertise locale attirant des investissements additionnels. C’est dans cette dernière direction qu’il faut consacrer nos énergies et je déplore vivement l’absence totale de mesures concrètes d’envergure en ce sens.

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