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“Education is the most powerful weapon which you can use to change the world“ - Nelson Mandela Pourquoi ne pas utiliser cette puissante arme pour mener la société vers un avenir plus certain ? On entend de plus en plus parler du développement durable, mais d’où vient ce concept avant-gardiste qui fait frémir les plus grands exploiteurs de notre planète ? Comment l’ancrer définitivement dans nos mœurs ? Ce sont les grandes questions du 21e siècle auxquelles tous les acteurs pour le changement essayent de répondre modestement.

L’expression ‘développement durable’ est apparue en 1987 dans le rapport Brundtland. Madame Gro Harlem Brundtland, ministre de la Norvège à l’époque, a développé cette notion qui vise à considérer les trois enjeux de l’Humanité pour un développement à long terme, soit les enjeux économiques, environnementaux et sociaux. En d’autres termes, réussir à concilier la prospérité, le bien-être humain et celui de la planète afin de permettre aux générations futures de répondre à leurs besoins.

Un mouvement qui gagne les universités…

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Heureusement, le concept de développement durable gagne en popularité. Tout le monde a pu le constater l’an dernier lors de la COP 21 à Paris qui n’avait jamais regroupé autant d’acteurs. D’ailleurs, l’université de Sherbrooke, qui se classe dans le top 10 mondial (GreenMetric 2015) des universités les plus durables, va de l’avant dans ce domaine. En effet, en ce qui concerne l’éducation, elle se distingue depuis de nombreuses années par ses innovations pédagogiques et son offre diversifiée d’expériences d’apprentissage. Elle a mis en place, dans le plan Réussir 2015-2017, des objectifs qui, notamment, lui permettront de répondre aux besoins de la société en passant par l’enseignement et la recherche. Le choix de l’éducation pour une société durable semble naturel, car il s’agit d’un des outils les plus puissants pour inculquer aux jeunes citoyens les valeurs primordiales de la société, et ce dès l’école primaire.

… et l’ingénierie

Un des objectifs du plan Réussir 2015-2017 est d’intégrer des notions de développement durable dans les programmes de l’université. La faculté de génie travaille d’arrache-pied en ce sens. Pourquoi le génie est-il si actif ? Tout simplement parce que les ingénieurs sont parmi les acteurs majeurs qui, par leurs réalisations, provoquent les plus grands impacts sur la société. Le recours aux concepts du développement durable dans la pratique professionnelle étant devenu monnaie courante, il est primordial de mettre à jour la formation universitaire pour présenter sur le marché des diplômés adéquatement habilités. Le BCAPG (Bureau canadien d’agrément des programmes de génie) l’a bien compris et dans sa version 2015 de normes et procédures pour les programmes à travers le pays, il fait état des 12 qualités du diplômé dont l’une est l’impact du génie sur la société et l’environnement: ‘capacité à analyser les aspects sociaux et environnementaux des activités liées au génie, notamment […] les concepts de développement durable et de bonne gérance de l’environnement.’

En les sensibilisant et en les formant aux bonnes pratiques, une prise de conscience et un esprit critique seront ainsi développés permettant de réduire les dommages causés par leurs activités sur la planète. Le LIRIDE (Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Ingénierie Durable et en Écoconception) a décidé de travailler en concertation avec les professeurs de la faculté afin d’intégrer les notions du Développement Durable directement dans les cours existants tout au long du programme de baccalauréat. Vous vous demanderez peut-être : mais pourquoi ne pas simplement créer un cours magistral sur le développement durable ? De fait, en créant un cours à part, les étudiants n’auront pas le réflexe d’intégrer ces notions dans leur futur travail d’ingénieur. C’est comme si on vous donnait des ingrédients, mais que l’on ne vous disait pas dans quelles recettes ces ingrédients pourraient servir !

Les notions apprises telles le cycle de vie au travers des innovations pédagogiques

Les outils du cycle de vie et les notions d’économie circulaire ont été privilégiés pour présenter les notions de développement durable dans les cours. L’Analyse du Cycle de Vie, notamment, est un outil apprécié du milieu de l’ingénieur qui permet de prendre en compte et d’étudier les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service c’est-à-dire de l’extraction des matières premières jusqu’à la fin de sa vie (recyclage, mise en décharge, incinération…) et permet surtout d’éviter le transfert de problèmes d’une catégorie d’impact à une autre et d’une étape du cycle de vie à une autre. Par exemple, on parle souvent d’émissions de gaz à effet serre quand on réfère aux moyens de transport, alors certes la voiture électrique évite ces émissions en phase d’utilisation (même si dans une analyse sur tout le cycle de vie on peut constater que l’électricité peut provoquer des émissions selon son mode de production) mais elle provoque une acidification en ce qui a trait la production de sa batterie. Dans les outils du cycle de vie, il existe aussi l’Analyse Sociale du Cycle de Vie, pour les aspects sociaux, et l’Analyse des Couts du cycle de Vie, pour les aspects économiques, du produit ou du service dont on veut mesurer les impacts.

En génie civil, l’approche transversale ‘just in time’ a été développée pour favoriser une intégration transversale dans les cours enseignés. Présentés sous forme de modules au sein du cours, ils permettent d’appliquer les concepts du développement durable (analyse du cycle de vie, écoconception, analyse sociale du cycle de vie, l’économie circulaire, etc.) aux pratiques concrètes du génie civil. L’intégration se fait tout au long de la formation permettant aux étudiants de progresser dans leurs niveaux de connaissances du développement durable en même temps qu’ils progressent dans leurs niveaux d’études. Dans le cas de génie chimique et biotechnologique, une symbiose pédagogique entre trois cours a été privilégiée. Les cours de Design des procédés chimiques II et Design des procédés biotechnologiques II, qui consistent à concevoir en fin de formation un procédé particulier intégrant les éléments de la formation de l’ingénieur-chimiste/biotechnologiste, et le cours d’analyse du cycle de vie ont été mis en symbiose afin que ces projets design soient dans une perspective de développement durable en appliquant l’ACV à leur procédé. En fin de parcours, les étudiants sont amenés à intégrer et appliquer leurs acquis par le biais du projet final de conception soumis à des problématiques et à des contraintes réelles. Ces deux approches permettent alors d’outiller les étudiants ingénieurs à avoir une réflexion durable dans leurs projets et de traiter ces concepts comme une partie intégrante du baccalauréat et non comme un contenu supplémentaire.

Avec ces exemples d’initiatives, les futurs ingénieurs de notre société de demain seront plus équipés pour affronter des enjeux sociétaux complexes tous en assurant un avenir plus durable aux générations futures.

- Bastien Roure, étudiant à la maîtrise type recherche (LIRIDE) - Université de Sherbrooke, département de génie civil

 

 

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