Une mère tenant son nouveau-né dans ses bras

Une équipe de chercheurs américains du Salk Institute for Biological Studies de Californie a démontré, avec des souris, qu’il existe une corrélation inverse entre le degré d’attention porté aux nouveau-nés par la mère et l’apparition de mutations génétiques responsables du stress à l’âge adulte. Les résultats de cette étude, qui pourraient aussi s’appliquer aux humains, ont été publiés le 23 mars dernier dans la prestigieuse revue Science.

Il est connu que l’environnement agit sur la réplication de nos gènes et peut les modifier, produisant ainsi des mutations appelées épigénétiques. Les chercheurs ont découvert qu’au cours des premiers mois de la vie, soit jusqu’à approximativement l’âge d’un an, le comportement parental peut être un facteur environnemental qui modifie l’ADN des neurones de l’hippocampe. Ces dernières sont les cellules du cerveau situées dans zone qui joue un rôle clé dans les processus de mémorisation et de régulation du comportement.

Deux groupes de souris ont été utilisés dans cette étude. Dans l’un des groupes, les souris femelles étaient attentionnées et protectrices avec les nouveau-nés, c’est-à-dire qu’elles leurs prodiguaient des soins, les nourrissaient et les toilettaient. Dans le second groupe, les femelles avaient tendance à délaisser les souriceaux.


Les chercheurs ont remarqué que plus les femelles étaient attentionnées, moins il y avait de gènes dits «sauteurs» qui s’introduisaient dans l’ADN des neurones des souriceaux lors de sa réplication. Les gènes « sauteurs » sont des gènes qui se copient à répétition sur un même brin d’ADN lors du processus de réplication des neurones. Une fois parvenues à l’âge adulte, les souris qui avaient reçu le moins d’attention de la part de leur mère, et donc subit le plus de mutations neuronales, étaient plus stressées, anxieuses et inadaptées socialement. Le fait que les bébés de chacune des mères avaient été répartis également dans les deux groupes a confirmé l’hypothèse qu’il s’agit bel et bien d’un phénomène de nature environnementale et non héréditaire.

Les mécanismes biochimiques derrière le phénomène observé demeurent à étudier plus en détails. Les chercheurs devront aussi vérifier les effets à long-terme des mutations génétiques, et ce lors d’études cliniques sur des humains. La découverte ouvre de plus une nouvelle perspective dans la compréhension et la prévention de certaines maladies psychiatriques et neurologiques, telles que la schizophrénie et la dépression.

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