À travers les années, l'Agence Science-Presse s'est souvent affairée à pointer les dérapages, à remettre les pendules à l’heure et même à fournir des outils à l’intention des lecteurs pour mieux saisir les enjeux sociaux relevant de la science.

Avec notre rubrique le Détecteur de rumeurs, nous entendons poursuivre et même bonifier ce travail. En vérifiant les informations et rumeurs à teneur scientifique circulant sur le web et les réseaux sociaux et les idées reçues ancrées dans le quotidien de tous, le Détecteur de rumeurs doit se soumettre à un code de conduite rigoureux.

Certains des points qui suivent relèvent du travail journalistique. D’autres sont spécifiques à ce travail de vérification des faits et d’autres enfin, sont plus spécifiques au journalisme spécialisé en science.

  1. Nous vérifions ce qui est factuellement vérifiable, et non les opinions. Cela signifie qu’une affirmation selon laquelle le produit X guérit Y pourrait faire l’objet d’une recherche, mais une recherche de données probantes, et non d’opinions de clients satisfaits : existe-t-il des études qui appuient cette affirmation, quelle est la validité de ces études, etc.
  2. Nous pouvons choisir de cibler un élément, au sein d’une croyance trop large. Par exemple, « Les vaccins à ARN ne sont pas une thérapie génique » est une affirmation vérifiable, au contraire de « les vaccins sont dangereux », qui est une affirmation trop large et, en l’état, une opinion, tant qu'on n'a pas ciblé dangereux pour quoi, ou pour qui.

  3. Ça peut prendre du temps. Un article du Détecteur de rumeurs nécessite au moins un à deux jours de travail, sans compter les phases de révision. Après avoir décortiqué l’origine de la rumeur et présenté le contexte de sa diffusion ou de sa propagation, notre journaliste procède, selon les différents principes recensés ci-dessous, à une recherche exhaustive dans les bases de données scientifiques. Elle peut mener des entrevues auprès d’experts afin de mieux contextualiser le sujet. Elle opère un tri dans cette masse d’informations pour passer ensuite à la phase de vulgarisation. S’il y a lieu de poser un verdict, celui-ci doit s’appuyer sur des données, pas des opinions. Si l’état des connaissances scientifiques ne permet pas d’établir un verdict vrai ou faux, ce qui est fréquent, nous le mentionnons. Avant publication, chacun des textes est validé par le rédacteur en chef et une tierce personne.

  4. Nous ne chassons pas le scoop, nous chassons les faits. Le Détecteur de rumeurs n’a pas pour but d’être le premier à traiter une nouvelle. Cette ambition de vérification peut parfois s’avérer frustrante parce qu’elle prend plus de temps. À l’heure des réseaux sociaux, nous, journalistes scientifiques, faisons face à un univers où la rumeur voyage beaucoup plus vite que les faits : notre rôle premier est de mettre de l’ordre dans ce chaos.
  5. Nous défendons les faits, nous ne défendons pas une cause. C’est ainsi que nous ne défendons pas « la science » ou une discipline scientifique. Nous défendons une quête de faits solides qui démontrent si une affirmation est fondée ou non. 
  6. Nous ne défendons pas non plus nos opinions. Si les faits ne se conforment pas à nos opinions, nous choisissons les faits.
  7. Nous sommes des journalistes et nous sommes donc indépendants de nos sources. En tant que journalistes, nous nous soumettons au code de déontologie proposé par le Conseil de presse du Québec qui mentionne que « les médias d’information ne laissent, en aucun cas, leurs intérêts commerciaux, politiques, idéologiques ou autres primer sur l’intérêt légitime du public à une information de qualité ni ne restreignent l’indépendance professionnelle des journalistes. » L’Agence s’engage aussi à ce qu’aucune publicité de l’industrie ou de groupes de pression ne puisse placer Le Détecteur de rumeurs en conflit d’intérêts. 
  8. Nous vérifions les informations et les déclarations publiques. À l’heure des réseaux sociaux, peu de gens prennent le temps de vérifier une information avant de la partager ou possèdent les outils nécessaires pour le faire. En tant que journalistes, nous sommes outillés pour départager le vrai du faux parmi ces informations et idées reçues véhiculées sur les réseaux sociaux ou ailleurs.
  9. Nous offrons un contexte. Nos articles sont construits d’abord autour de faits les plus objectifs possible : statistiques, dates, sources précises. Chaque fois que c’est possible, nous remontons à la source originale de la rumeur.
  10. Nos sources sont accessibles en un clic. Nos articles fournissent toujours des hyperliens, que ce soit vers les études citées, ou vers des sites qui ont déjà fait un travail de vérification similaire. Dans certains cas, le lecteur pourrait lui-même vérifier notre travail de vérification, non seulement parce que les sources sont citées, mais parce que nous lui apportons aussi des informations pratiques sur le pourquoi de notre démarche. Plutôt que de citer un chercheur qui donne son opinion, nous privilégions toujours l’étude originale ou, mieux, la méta-analyse qui permet d’appuyer cette opinion sur des données probantes.
  11. Le texte n’est pas exclusif. Alors que les rumeurs se propagent rapidement sur les réseaux sociaux, le texte s’avère un processus généralement efficace pour répondre rapidement à la rumeur. Toutefois, un graphique, une infographie ou une vidéo peuvent également être produits si ces formats permettent une meilleure compréhension des faits auprès de nos lecteurs.
  12. Si ça touche à la science, ça nous intéresse. Les impacts suggérés d’une découverte, une déclaration politique appuyée sur un fait scientifique, une rumeur en santé ou en environnement font partie de nos cibles. Nous cherchons à expliciter à travers Le Détecteur de rumeurs la démarche scientifique et ultimement à démontrer que la science est un processus ni blanc ni noir, mais en constante évolution, tout en nuances.
  13. Nous sommes au service de nos lecteurs. Nous cherchons à répondre aux questions et aux polémiques à mesure qu’elles se forment sur les réseaux sociaux. Nous n’avons évidemment pas le monopole de la vérité. Nos textes sont construits de façon à ce que nos lecteurs puissent avoir l’heure juste sur ces informations et rumeurs. Libre à eux ensuite de se positionner et de faire les choix qui les concernent.
  14. Nous ne pouvons pas tout couvrir, mais nous sommes transparents. Si un lecteur s’inquiète que nous n’ayons pas vérifié une information qui lui tient à cœur, nous expliquons pourquoi. Les remarques des lecteurs sont prises en compte et peuvent donner lieu à des modifications dans les contenus.
  15. Si des corrections doivent être apportées. Une modification après publication ou un ajout pour précision seront toujours signalés par une mention en fin d’article. Il est déjà arrivé que cette modification soit le résultat d’une interview survenue après la publication et que nous avons jugé pertinent d’ajouter. Jusqu’ici, nous n’avons jamais été confrontés à des erreurs factuelles, plutôt à des précisions. Mais si une erreur devait nous être signalée, elle serait insérée et signalée en fin de texte de la même façon. Les lecteurs peuvent nous contacter pour des ajouts, des modifications ou des corrections par les mêmes canaux : l’adresse courriel est clairement inscrite sur chaque page du site, ils peuvent aussi nous contacter par Facebook ou Twitter.
    Si des corrections. ne doivent pas être apportées. Lorsqu'il est clair par notre recherche que la demande de modification d'un lecteur ou l'information q'il apporte n'est pas pertinente, ou que la source est d'une fiabilité douteuse, aucune correction ou précision ne sera apportée. Nous allons toutefois répondre à la personne, par le canal avec lequel elle a communiqué.
  16. Un comité de rédaction a été formé. Réunissant des lecteurs, des journalistes et des chercheurs, ce comité contribue au tri des sujets qu’il faudra inévitablement faire dans les grandes tendances de l’actualité. Nos lecteurs sont aussi vivement encouragés à soumettre au Détecteur de rumeurs des nouvelles à vérifier.  Par l’intermédiaire de nos comptes Facebook et Twitter, nous invitons régulièrement nos lecteurs à nous proposer des sujets. Il existe par ailleurs un bouton « impliquez-vous » tout en haut de la page d’accueil du Détecteur de rumeurs qui invite le visiteur à envoyer « des suggestions de sujets à vérifier ». Comme nous sommes une petite équipe, nous ne pouvons nous engager à répondre à toutes les demandes, mais nous nous engageons à expliquer pourquoi un sujet n’a pas encore été traité.
  17. Le Détecteur de rumeurs est une production de l’Agence Science-Presse, mais ne lui est pas exclusif. Nous encourageons les autres médias à devenir partenaires de diffusion du Détecteur de rumeurs et nous encourageons nos lecteurs à encourager leurs propres médias à se joindre à nous en rediffusant nos contenus.
  18. Partager l’information, c’est bien, partager de l’information vérifiée, c’est mieux. À travers nos textes de vérification et de la boîte à outils, nous voulons faire de nos lecteurs des « détecteurs de rumeurs » en les incitant à aiguiser eux-mêmes leur esprit critique avant de partager des informations sur les réseaux sociaux.
  19. L’information ne prend de la valeur que si elle est partagée. L’information vérifiée doit être partagée abondamment. L’Agence Science-Presse, déjà très présente sur les réseaux sociaux, encourage ses abonnés, amis et lecteurs, à partager au maximum les vérifications du Détecteur de rumeurs.