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Moins loin, moins souvent : les déplacements des personnes âgées se réduisent avec l’âge. De nombreux aînés préfèrent rester à la maison et limiter leurs sorties, ce qui amplifie la perte musculaire qui vient inévitablement avec le vieillissement.

Quoi qu’en dise une vedette comme Janette Bertrand, qui a récemment fait une montée de lait en faveur de l’activité des « vieux », le manque d’exercices physiques, souvent par peur des chutes, réduit leur force musculaire. Cela contribue à la perte de muscles qui s’enclenche naturellement vers 60 ans, appelée la sarcopénie.

« Elle affecte 15 % des plus de 65 ans et la moitié des personnes de 80 ans et plus », relève Gilles Gouspillou, du Groupe de recherche en activité physique adapté (GRAPA) de la Faculté des sciences de l’Université du Québec à Montréal. « Ce facteur pronostic des hospitalisations entraîne des conséquences. La sarcopénie est un facteur qui permet de prédire les hospitalisations et « entraîne des conséquences importantes pour l’indépendance de ces personnes », poursuit-il.

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Sa récente étude, parue en janvier dans le Journal of Physiology, présente une nouvelle piste thérapeutique pour ralentir cette perte de puissance et de force musculaire. L’équipe de recherche a ciblé une protéine responsable notamment du « recyclage » des mitochondries, qui sont les « centrales énergétiques » de nos cellules. Cette protéine Parkin lutterait donc contre les effets du vieillissement en stimulant la mitophagie, la dégradation des mitochondries endommagées et dysfonctionnelles.

Lors de l’expérience, deux groupes de souris, âgées de 3 mois (juvéniles) et de 18 mois (adultes), ont reçu un traitement destiné à surexprimer cette protéine dans une des deux pattes arrière. Après quatre mois, les résultats montrent, chez les plus âgées, une réduction de l’atrophie musculaire et, chez les plus jeunes, des muscles hypertrophiés.

« C’est similaire à un entraînement aérobie : on retrouve des fibres musculaires plus grosses et de meilleure qualité et, chez les plus jeunes, on constate même de plus gros muscles », note le chercheur. Gilles Gouspillou et ses collègues rapportent également moins de pertes cellulaires, de fibroses et de marqueurs de stress (des radicaux libres) au sein des muscles des souris traitées.

Il ne faut pas en conclure que cela remplacera les bénéfices de l’exercice physique chez la personne vieillissante — car faire du sport s’avère également bénéfique pour le cerveau et une façon de prévenir de nombreuses maladies. Mais soutenir le travail de cette protéine pourrait aider à lutter contre le vieillissement.

Sans compter que de stimuler la santé des muscles pourrait bénéficier également à des personnes atteintes de pathologies telles que la dystrophie musculaire, et même à celles qui perdent des muscles suite à des fractures ou des immobilisations.

Le vieillissement et la sédentarité

Commentant cette étude, le chercheur au Centre de recherche sur le vieillissement de Québec/CHUQ, Claude H. Côté, souligne que « la question scientifique est claire et l’étude mesure une foule d’éléments supportant la conclusion. Du moins chez l’animal, car il reste difficile d’extrapoler ces résultats chez l’humain ».

Chez l’humain vieillissant, tout est plus compliqué. « La sarcopénie, cette fonte musculaire de la personne âgée, est un concept récent. Les observations que l’on prête au vieillissement peuvent provenir du sédentarisme, mais aussi de débalancements hormonaux (ménopause, andropause) ou de la dénutrition. Il faut tout regarder lorsqu’on veut s’attaquer aux changements liés au vieillissement », note Claude Côté, qui est également professeur au département de réadaptation de la Faculté de médecine de l’Université Laval.

L’hypertrophie musculaire constatée chez les plus jeunes souris l’amène à souligner qu’il s’agit actuellement d’un champ de recherche important, où l’on retrouve beaucoup d’activités scientifiques. « Comment gagner du muscle ? De nombreuses équipes scientifiques s’y intéressent. Ici, il s’agit de mécanismes que l’on retrouve lors de l’entraînement sportif, où de nombreux facteurs se mettent en branle et provoquent une cascade moléculaire complexe (synthétisation et dégradation) », détaille le chercheur. Se refaire du muscle pourrait à tout le moins aider à rester en forme et peut-être même à gagner de la force — un avantage à ne pas négliger lorsqu’on vieillit.

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