Qu'une personne teste un médicament, c'est courant. Qu'elle se transforme en appât humain, ça l'est beaucoup moins, mais ça c'est déjà vu. Pas au Brésil toutefois, où l'affaire a jeté un froid, le gouvernement ayant suspendu la recherche que menait une ONG américaine.

Au premier abord, la recherche sur le paludisme de l'Institutional Review Board (financée par l'Université de Floride et l'Institut national de santé des États-Unis) ne pouvait que bénéficier aux habitants de la communauté riveraine de São Raimundo do Pirativa, dans l'État de l'Amapá. Un détail a toutefois irrité le gouvernement brésilien: en 2003, on a laissé des personnes se faire piquer par des moustiques transmetteurs du paludisme... en raison d'une mauvaise traduction!

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Cette procédure a en effet contourné la loi brésilienne. Lorsqu’il a traduit le projet de l'anglais vers le portugais, le chercheur Jaco Voorham a dû supprimer une phrase spécifiant que les participants seraient piqués par des moustiques porteurs du paludisme: la procédure est autorisée dans certains pays, mais pas au Brésil. Or, si les expériences ont bel et bien eu lieu, allègue aujourd'hui Robert Zimmerman, de l’Université de Floride, c'est parce qu'il se serait basé sur la version anglaise du document.

Le rapport du procureur de l'État de l'Amapá, Haroldo Franco, indique qu’au moins dix participants ont contracté le paludisme. Si les enquêteurs brésiliens écartent les soupçons de biopiraterie, puisqu’ils n’ont pas retracé d'envois du matériel recueilli vers l’étranger, ils affirment que les nombreuses infractions (dont le fait de ne pas avoir demandé l’autorisation du Ministère brésilien de l’environnement pour entamer la recherche) démontrent que certains chercheurs auraient agi de mauvaise foi.

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