La décision préliminaire de la Food and Drugs Administration d’autoriser la vente de viande d’animaux clônés ne devrait pas alarmer les consommateurs, selon des experts. Le 28 décembre dernier, la FDA, l’agence fédérale réglementant la nourritude et les médicaments aux Etats-Unis, avait émis une ébauche de réglementation établissant que la viande et les produits laitiers issus de bétail, de porcs et de chèvres clônés étaient aussi sécuritaires que les mêmes produits provenant d’animaux élevés « à l’ancienne ».

Le grand public dispose de 90 jours pour faire connaître ses commentaires sur la question, qui elle-même a été révisée et examinée par des experts en clonage et santé animale. Si l’ébauche est ratifiée, ces produits entreront sur le marché, mais pas avant 2008. Durant la période de révision, la FDA a demandé aux fermiers, sur une base volontaire, de ne pas vendre de viande ou de lait provenant d’animaux clônés.

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Avant cette sonde lancée par la FDA, un sondage mené en décembre dernier par le Pew Initiative on Food and Biotechnology a démontré que même si les américains ne sont pas particulièrement bien informés au sujet du clonage animal (ce qui est aussi vrai concernant leur connaissances quant aux OGM, par ailleurs), ils n’en demeurent pas moins particulièrement réfractaires à la pratique : 61 pour cent des gens interrogés se déclaraient ambivalents au sujet du clonage animal, contre 27 pour cent que cela ne dérangeait pas.

« La plus grande cause de cet inconfort face au clonage provient d’un manque de compréhension au sujet de cette pratique », a dit Sigrid Fry-Revere, directrice du Bioethics Studies au Cato Institute in Washington.

Par exemple, de nombreuses personnes confondent le clonage avec les modifications génétiques. Un clone animal est une copie génétique de l’animal original, semblable à des jumeaux identiques, mais nés à des moments différents. Le modification génétique signifie l’altération, l’addition ou la suppression d’ADN d’un animal ou d’une plante. Les aliments génétiquement modifiés, bien que répandus, demeurent controversés, et de nombreuses personnes sont sceptiques quant à savoir si ces OGM sont sécuritaires ou non. Des estimés suggèrent que plus de 60 pour cent des aliments préparés se retrouvant sur les étagères des supermarchés aux Etats-Unis et 90 pour cent des récoltes de soya sont sont génétiquement modifiés.

Par ailleurs, si les produits provenant d’animaux clônés sont en bout de compte autorisés, ces derniers proviendront de la progénitude de ces animaux, et non des clones eux-mêmes, ce qui est une distinction-clé, selon Mme Fry-Revere.

Le clonage est un outil parmi d’autres en technologie de la reproduction, comme l’est la fertilisation in vitro ou le transfert d’embryons; le secteur de l’agriculture aux Etats-Unis dépend de telles techniques pour produire une nourriture de meilleure qualité. Toutefois, même si le clonage est une nouvelle technologie excitante, il n’est pas tellement différent de l’élevage sélectif de bétail pour produire des bêtes qui pèsent plus lourd ou donnent plus de lait, des stratégies mises en place depuis une centaine d’années. On peut également pondérer le fait que la viande d’animal cloné en bonne santé est probablement plus sécuritaire que manger celle d’un bœuf bourré d’antibiotiques.

Si la mise en marché de viande et produits provenant d’animaux clonés est approuvée, les experts pensent qu’il est peu probable que cette viande saturera le marché, comme l’ont rapidement fait les récoltes génétiquement modifiées. De plus, la FDA n’a pas à imposer que la viande provenant d’animaux clonés soit spéficiquement identifiée comme tel. La raison? Les lois existantes aux Etats-Unis présument qu’un label n’est pas nécessaire sur un aliment qui n’a pas été altéré ou modifié. Et, comme un animal cloné est une copie exacte de l’original, il n’y a pas d’altération, donc pas d'étiquette.

Toutefois, on peut s’attendre à ce que des compagnies alimentaires, particulièrement le marché des produits organiques, ajouteront leur propres étiquettes à leur produits, infiquant qu’ils ne contiennent aucun ingrédients clonés!

Bref, on n’a pas fini d’en entendre parler. Une affaire à suivre.

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