Près de 13 100 km2 de forêts ont été dévastés au cours de la dernière année en Amazonie1. Ce chiffre est certes impressionnant. Néanmoins, il est porteur d’une bonne nouvelle : la déforestation aurait chuté de 30 % comparativement à la période précédente enregistrant ainsi le deuxième plus bas niveau annuel depuis 1988.

Ce recul de la déforestation, pour une seconde année consécutive, constitue « un pas dans la bonne direction », mais selon l’écologiste Mario Menezes, de l’ONG Les Amis de la terre amazonienne, la destruction demeure encore trop élevée. « On se retrouve au même taux qu’à la fin des années 1990 après un record en 2003. Doit-on penser que nous avons atteint un plafond ? »

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Pour le Ministère brésilien de l’environnement, c’est la preuve que le Plan contre la déforestation, lancé en 2004 et appuyé par des opérations policières contre la coupe illégale du bois, commence à porter des fruits. À cela s’ajoutent, indique-t-on au bureau de la ministre Marina Silva, la création de 19,4 millions d’hectares de zones protégées et la nouvelle loi sur les forêts prévoyant la concession des terres publiques pour l’exploitation du bois.

Brasília mérite bien sûr ce crédit et cette amélioration doit être célébrée. Toutefois, d’autres facteurs, tels que la présente crise de l’agriculture, expliqueraient peut-être ce recul selon M. Menezes.

Généralement, la déforestation est associée à l’exploitation forestière. Mais dans les faits, les compagnies ne tronçonnent que le bois de haute valeur commerciale. La conversion des zones boisées en pâturages ou en plantations est la principale cause de la dévastation.

Cependant, depuis deux ans, le marché international s’est avéré néfaste à l’élevage du bétail et à la culture du soja, deux produits souvent pointés comme responsables de la déforestation de l’Amazonie. Ainsi, bien qu’il soit difficile d’affirmer que la présente débandade du secteur agraire contribue à ralentir la déforestation, Mario Menezes soutient qu’« elle est un facteur décisif ». Selon lui, cette réduction est le résultat notamment de la valorisation de la monnaie locale et de la chute des prix des produits agricoles. Un retour en force des exportations agricoles lui fait donc craindre le pire. « On célébrera seulement quand on observera une tendance à long terme, quand la réduction sera continue », complète l’écologiste.

1. Pour calculer le taux de déforestation, on se base sur l’analyse d’images satellites. Les données sont collectées à longueur d’année, d’août à août. La marge d’erreur varie tout au plus de 10 %.

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