1er février 2003 : la navette Columbia explose lors de son retour sur Terre. Dans les jours et les semaines qui suivent, des questions sur l’avenir de l’exploration spatiale fusent à nouveau. L’accident met les Américains en face des impasses auxquelles ils font face... et auxquels ils font toujours face, cinq ans plus tard!

Faire ressortir cet article de 2003 peut entraîner bien des confusions. Les lignes qui suivent ont-elles été écrites en 2003 ou en 2008?

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- « Les rêves et les prédictions des visionnaires ont été rangés au tiroir, sauf dans la fiction. Il n'y a plus de Carl Sagan. Les congrès scientifiques sont rarement saisis de concepts audacieux... Sauf pour ces grandioses images de planètes et d'étoiles provenant de sondes automatiques, le vieil enthousiasme pour les vols spatiaux s'est évaporé. » (réponse: 2003)

- Un rapport rendu public cette semaine tape sur les doigts de la NASA pour ne s’être pas suffisamment préparée à la période « après-navettes », lorsque celles-ci seront mises à la retraite en 2010. (réponse: 2008)

Il y a quelques semaines, nous écrivions que si les Chinois continuent sur leur lancée, ils pourraient mettre un homme sur la Lune en 2017 —soit deux ou trois ans avant les Américains. Or, ce scénario était sur la table dès 2003, lorsque la Chine avait mis son premier homme en orbite.

En fait, c’est tout le portrait de l’exploration spatiale qui est en train de se redessiner depuis les années 1990 —depuis la chute de l’Union soviétique. Tandis que la Chine, l’Inde, le Japon et même le Brésil prennent lentement leur place là-haut, les États-Unis piétinent. L’utilité de la station spatiale est questionnée depuis longtemps (a href="http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/man170599.html">La station et le pacte du diable, 1999), et celle des navettes spatiales depuis plus longtemps encore, mais les destructions de Challenger en 1986 et de Columbia en 2003 ont souligné combien de milliards ont été engloutis dans une technologie inappropriée —et, désormais, désuète.

Si l’arrivée d’autres pays est vue favorablement par les fans de l’exploration spatiale, le reste du portrait, lui, l’est moins: un espace surpeuplé sur ses orbites les plus lucratives... et en voie d’être militarisé.

Il n’y a toujours pas d’armes là-haut : qui peut garantir qu’il en sera encore ainsi longtemps? En janvier 2007, la Chine a dévoilé avec fierté le succès d’une arme antisatellite, c’est-à-dire une arme capable d’abattre un satellite en orbite —ce qui n’a rien pour rassurer les États-Unis.

Ainsi, le projet Bush d’un retour sur la Lune et d’un voyage vers Mars, déposé en 2004 (contesté, mais toujours vivant) est né parallèlement aux premiers succès chinois dans l’espace; et les nouveaux programmes spatiaux en Europe et au Japon sont en partie la conséquence des retards chroniques de la station spatiale.

En fait, pour corriger le titre, il conviendrait de dire que ce n’est pas l’exploration spatiale qui, en 2003, s’est retrouvée dans l’impasse, mais un modèle désuet de l'exploration spatiale, hérité des années 1950. Entre la Chine et l’Inde, la militarisation de l’espace et les sondes sur Mars, ce modèle continue de se (ré)écrire.

Pascal Lapointe

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