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Les conducteurs âgés auraient intérêt à faire preuve de plus de vigilance lors des changements de voie. Des chercheurs de l'Université Laval concluent que 68 % d’entre eux vérifient tardivement l'angle mort ou bien le négligent, contre 22 % des jeunes conducteurs.

L’étude, publiée dans le journal Traffic Injury Prevention, a comparé les manœuvres de conducteurs de moins de 31 ans et celles de conducteurs de 65 à 75 ans. Les chercheurs ont plus particulièrement observé la recherche visuelle à partir des trois points que sont le miroir latéral gauche, le rétroviseur et l'angle mort. Ils ont pour cela utilisé un simulateur de conduite muni d'un capteur de mouvements des yeux et de la tête.

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Ainsi, l'angle mort a été considéré par deux fois moins de conducteurs âgés, et seulement 51 % de ceux-ci ont porté attention au rétroviseur, contre 83 % des plus jeunes.

Ces résultats correspondent aux données observées en circuit routier réel, confirme Martin Lavallière, doctorant en kinésiologie et coauteur de la recherche. Cependant, « ce n'est pas la mobilité articulaire qui fait défaut chez les conducteurs âgés », souligne l'étudiant-chercheur. Il s’agit plutôt d’un « mauvais comportement » qui persiste, souvent tant et aussi longtemps qu’un coup de klaxon ou un accident ne survient pas. « Tous les conducteurs sont conscients qu’il existe un angle mort ».

« La faute aux autres »

Si on demandait à des conducteurs d’évaluer leurs habitudes de conduite, peu se situeraient en dessous de la moyenne, indique M. Lavallière, qui s'intéresse à l’impact du vieillissement sur les tâches du quotidien. Le « sentiment de surprise face aux événements qui surviennent sur la route » devrait cependant porter ces conducteurs à se questionner sur l’efficacité de leur recherche visuelle.

Plus de sensibilisation et le rafraîchissement des connaissances permettraient peut-être à davantage de personnes âgées de garder leur permis… et leur autonomie. « Il ne s’agit pas seulement de taper sur la tête des conducteurs, il faut aussi amener des solutions ». La recherche visuelle efficace sur la route est un « comportement qui peut se changer avec de la rétroaction ».

Une étude à paraître sous peu et cosignée par la même équipe, démontre que la formation rétroactive modifie efficacement les comportements des conducteurs âgés. Une rétroaction, basée sur une vidéo de leurs performances sur le simulateur, a permis à une dizaine de conducteurs âgés en moyenne de 71 ans d’améliorer de plus de 30 % leur vérification de l’angle mort, doublant ainsi leur score initial. Les performances du groupe qui a simplement suivi une formation en classe, puis avec le simulateur, sont restées pour leur part inchangées.

Pour s’améliorer, « il faut que la personne soit en mesure de constater les erreurs qu’elle commet », conclut Martin Lavallière, qui espère voir une offre de service se développer prochainement pour le rafraîchissement des techniques de conduite pour les personnes âgées.

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