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Votre ancêtre a-t-il courtisé une néandertalienne ? Trois études donnent l’impression d’avoir épaissi le mystère —mais les trois études n’ont pas la même valeur.

Les deux premières paraissent s’opposer : dans l’une, des humains ayant quitté l’Afrique il y a environ 100 000 ans ont rencontré des Néandertaliens l’ayant eux-mêmes quittée il y a beaucoup plus longtemps, et ceci expliquerait que les non-Africains aient en eux de 1 à 4% de gènes néandertaliens. Dans l’autre étude, ces gènes que nous qualifions de Néandertaliens seraient plutôt des gènes plus anciens, communs à nous et aux ancêtres des néandertaliens qui ont quitté l’Afrique il y a 350 000 ans. Un résidu primitif, en quelque sorte.

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Le problème pour cette seconde hypothèse, c’est qu’elle circule depuis plus d'un an, et qu’après avoir été sérieusement examinée, elle paraît dans la revue PNAS au moment même où la première étude... la démolit. Le pape de la recherche sur le génome du Néandertal, l’Allemand Svante Pääbo et son collègue américain David Reich, y expliquent pourquoi à leur avis il est maintenant possible de rejeter cette idée de « gènes anciens » et de mettre une date plus précise sur la dernière « hybridation » entre Homo sapiens et Néandertaliens : il y a entre 47 000 et 65 000 ans.

À cette époque, les Néandertaliens étaient au Moyen-Orient depuis longtemps, et les Homo sapiens y arrivaient.

Détail important pour les amateurs d’une science plus ouverte : la recherche de Pääbo et Reich a été déposée le 10 août sur ArXiv, serveur de pré-publication, donc accessible à tous —alors que celle des Brésiliens Anders Eriksson et Andrea Manica n’a pu être lue que lors de sa parution dans les PNAS .

Tout cela serait un débat simple à suivre si une troisième étude, ou plutôt un troisième champ de recherche, ne menaçait pas de jeter un pavé dans la mare. Amenant le 15 août son grain de sel à la discussion qui avait alors cours sur les deux études précédentes, l’anthropologue John Hawks déclare sur son blogue que les gènes néandertaliens semblent répartis beaucoup moins uniformément qu’on ne l’imagine.

Hawkes est mêlé au Projet 1000 génomes dont le but premier, comme son nom l'indique, est de tracer un portrait plus complet de l’espèce humaine à travers sa diversité. Mais dont un résultat inattendu pourrait être de faire ressortir si des groupes sont « plus » ou « moins » néandertaliens que d’autres. Déjà, on voit poindre des différences entre Chinois du nord et Chinois du sud, entre Finlandais et Italiens, qui semblent difficiles à expliquer par les modèles migratoires classiques.

Mais ce qu’amène Hawks est annonciateur d’encore plus d’interrogations : Ötzi, cet homme d’à peine 3300 ans retrouvé gelé à la frontiére italo-autrichienne, semble avoir plus de néandertalien (5,5%) que la moyenne d’un Européen moderne (3,5%). En fait, « il a beaucoup plus de [gènes] partagés avec les Néandertaliens que toute personne moderne que nous ayons examinée ».

Si ça s’avère exact, personne ne peut expliquer le pourquoi du comment. Mais la bonne vieille histoire des Homo sapiens qui ont pris la place des Néandertaliens semble gagner en complexité.

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