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La ruée sur le papier de toilette en a laissé plus d’un perplexe. Que des gens s’inquiètent des risques de pénurie à cause d’une éventuelle quarantaine, n’a pourtant rien d’anormal: la psychologie nous apprend qu’au final, tout se ramène toujours à cette illusion de perte de contrôle sur nos vies. 

Quiconque fait face à une incertitude quant au futur, quiconque est confronté à des événements qui sont hors de son contrôle, peut ressentir de la peur ou de la colère. Et tout être humain normal tentera dès lors de prendre des moyens pour atténuer ces émotions négatives. Sinon, dans les cas extrêmes, « l’inconnu peut être paralysant », résumait l’automne dernier un dossier du New Scientist à ce sujet.

« Des moyens pour atténuer ces émotions négatives », cela peut donc être l’accumulation de produits, parce qu’on craint une pénurie. Ou bien le port d’un masque. Certes, ces deux actions sont irrationnelles: le masque n’offre qu’une protection limitée et l’accumulation de produits est inutile dans des pays riches, où les supermarchés continuent d’être approvisionnés au quotidien. Mais là n’est pas l’important: toutes irrationnelles qu’elles soient, ces actions apportent un sentiment de sécurité, qui combat les émotions négatives. 

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D’autres actions individuelles apportent plus de bénéfices d’un strict point de vue de santé publique, mais il faut du temps pour les enraciner dans l’esprit des gens: par exemple, se laver les mains fréquemment, éviter de se toucher trop souvent le visage, s’isoler de façon préventive... La raison pour laquelle il est plus difficile de faire entrer ces actions dans l’esprit des gens relève elle aussi de la psychologie de base: on ne voit pas d’impact direct au fait de se laver les mains ou de s’auto-isoler —alors qu’on peut voir notre armoire ou notre frigo se remplir avec chaque nouvel achat. Une action résulte en un bénéfice abstrait, l'autre, concret. Or, l’être humain est, comme tout animal qui se respecte, instinctivement plus « rassuré » par une action qu’il peut immédiatement associer à une conséquence, plutôt que par un hypothétique gain dans le futur. 

Cela étant dit, la psychologie n’a pas de réponse claire au fait que des gens veulent accumuler du papier de toilette plutôt que des boîtes de conserve...

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