Ma matière froide pour un Nobel
(ASP) - On ne recrée pas en laboratoire
un nouvel état de la matière tous les
jours. En fait, bien que ce mystérieux état
de la matière, un état gazeux appelé
le condensat Bose-Einstein, ait été prédit
en 1924, il a fallu attendre 1995 pour qu'un groupe
de chercheurs arrive à le recréer. Un
exploit qui n'a été possible qu'avec des
technologies qui n'existaient pas en 1924, puisqu'il
a fallu réussir à refroidir un groupe
d'atomes jusqu'à une température situé
à une fraction de degré au-dessus du zéro
absolu: moins 273 degrés Celsius, la barre en-dessous
de laquelle l'Univers ne descend jamais.
A ce stade, les atomes fusionnent, permettant
à certains d'entre eux de se comporter comme
une sorte d'atome géant, doté de propriétés
nouvelles que les physiciens cherchent encore à
élucider.
L'exploit a donc ouvert de nouvelles portes
à la recherche, et
vient de valoir aux trois chercheurs concernés
le Prix Nobel de physique.
Eric Cornell, 39 ans, et Carl Wieman,
50 ans, tous deux de l'Université du Colorado,
et Wolfgang Ketterle, 43 ans, d'origine allemande, physicien
au Massachusetts Institute of Technology, se partagent
le prix, doté d'un chèque de 10 millions
de couronnes (plus d'un million de dollars).
Leur découverte ne se contente
pas de faire rêver les physiciens habitués
à jongler avec les états extrêmes
de la matière. Elle pourrait contribuer à
développer des circuits électroniques
encore plus petits et encore plus rapides -chose particulièrement
intéressante à l'heure où on parle
de plus en plus de nanotechnologies, une
réalité d'ailleurs soulignée par
l'Académie suédoise des sciences -qui
remet les Nobel- dans son communiqué.
Incidemment, la technologie alors utilisée
pour approcher le zéro absolu, un refroidissement
par laser, avait valu à ses créateurs
le Nobel de physique 1997.