Pandas en déroute
(ASP) - La Chine est
très fière de ses pandas. Elle en a même
fait un genre demblême national. Mais quest-ce
quelle les protège mal. Cest du moins
ce quon peut croire à la lecture dun
rapport extrêmement pessimiste sur la "dégradation
écologique" des zones pourtant "protégées"
où vivent ces animaux.
"On croit généralement
que la biodiversité est mieux protégée
des activités humaines après quune
zone eut été désignée comme
protégée. Toutefois", écrit
une équipe de six chercheurs, dont quatre Chinois
ou Américains dorigine chinoise, dans
la dernière édition de la revue Science,
"nous avons découvert que cette perception
populaire nétait pas véridique dans
le cas de la réserve naturelle Wolong (Sud-Ouest
de la Chine), établie en 1975 comme "navire-amiral"
des zones protégées pour cette espèce
en voie de disparition quest le panda géant."
Ce constat ouvre larticle
de léquipe dont trois membres sont à
lUniversité dEtat du Michigan, un
à lAcadémie des sciences de Beijing
et deux au Centre pour la recherche et la conservation
du panda géant, dans la Réserve Wolong.
Et le constat pessimiste qui sapplique à
Wolong est du même coup élargi aux 12 700
zones protégées que lon recense
aux quatre coins du monde et qui couvrent, estime-t-on,
8,8% de la surface de la Terre. Si elles sont toutes
aussi mal protégées, il
y a de quoi être sérieusement inquiet.
Et il y a des raisons
de croire quelles sont effectivement mal protégées:
mauvaise gestion, politiques de conservation déficientes,
manque dinformation sur la détérioration
des ressources, etc. Dans le cas de Wolong, il y a une
partie des dégâts quon peut quantifier:
une comparaison des données davant sa création,
en 1975, et de 1997, révèle un territoire
davantage "fragmenté": déjà,
ce territoire nétait pas entièrement
habitable pour les pandas, en raison du relief; avec
le recul de la forêt, dû à laccroissement
de la population humaine dans et autour de la réserve,
les zones favorables se sont retrouvées encore
plus découpées quavant. En fait,
"la perte dhabitats de qualité après
létablissement de la réserve a été
plus élevé quavant sa création",
ce qui nest vraiment pas flatteur pour les autorités.
Ni pour le Fonds mondial
pour la nature, qui est lun des grands bailleurs
de fonds de cette réserve. En 1974, on estimait
à 145 le nombre de pandas sauvages qui vivaient
dans cette réserve. En 1986, ce nombre était
estimé à 72.
Lavenir de Wolong,
concluent les chercheurs, représente le symbole
dun échec, celui d'extraordinaires efforts
de conservation, et cet échec pourrait bien être
annonciateur de ce qui va se passer dans beaucoup dautres
coins du monde où vivent des bestioles moins
surveillées et moins chouchoutées que
les pandas...