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semaine du 20 août 2001



Alerte médicale


Ce n’est pas le genre d’alerte qui est de nature à donner confiance à l'endroit des compagnies pharmaceutiques. Une pilule, 31 morts. Et un retrait des tablettes en catimini, avant que les journaux ne s’emparent de l’affaire.


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Dès juin, une étude dénonçait les risques de cette pilule anticholestérol qu’on appelle tantôt Lipobay (de son nom scientifique) tantôt Baycol (de son nom commercial). Un médicament-vedette pour la multinationale pharmaceutique Bayer. Un de ces médicaments dont le succès vous garantit des profits mirobolants...

Profits mirobolants : l’an dernier, selon Libération, les ventes du Baycol ont dépassé celles de l’aspirine ! On comprend mieux alors que les responsables aient préféré balayer sous le tapis les effets secondaires, lorsque ceux-ci ont commencé à se manifester. Mais lorsque des patients ont commencé à carrément mourir, c’est devenu plus embarrassant... Lorsque, le 8 août, on a annoncé simultanément, en Europe et aux Etats-Unis, le retrait de ce médicament des tablettes, les médecins français, rapporte Libération, avaient été si peu informés de ce qui se passait qu’ils imaginaient qu’il s’agissait là d’une mesure de prudence exagérée de la part de leurs fonctionnaires locaux. Encore un de ces imbroglios bureaucratiques...

Eh bien, c’était plus grave. A forte dose ou associé à un autre médicament, l’anticholestérol de Bayer peut entraîner des troubles graves des muscles et des reins. Bayer disposait de cette information depuis le 15 juin : une étude, déposée à cette date, tirait la sonnette d’alarme. Ce n’est que le 10 août que la multinationale a transmise cette étude aux autorités de la santé de divers pays... soit deux jours après que ces mêmes autorités (en Europe et aux Etats-Unis) eurent décidé discrètement de retirer le médicament des tablettes. Et comme par hasard, 24 heures après que les médias se furent emparés de l’affaire.

Et l’étude n’était pas une simple étude alarmiste se faufilant milieu de nombreuses études positives, comme cela arrive souvent. Interrogé par Libération le 17 août, le porte-parole de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, lui aussi prévenu sur le tard, parle d’une "étude réalisée sur une cohorte de patients d'une mutuelle américaine, qui pointait les effets secondaires mortels du médicament". Trente et un décès, et ce aux Etats-Unis seulement. Peut-être quatre en Allemagne. Trois en Espagne. Et le bilan non-officiel a continué de s’alourdir d’une dizaine de décès supplémentaires après le 10 août.

Les gros sous? Il y en aura un peu moins cette année puisque, devant la menace de centaines de poursuites judiciaires, le groupe allemand Bayer a annoncé le 16 août qu’il retardait son entrée à la Bourse de New York, prévue pour le mois prochain. Déjà, un avocat allemand, Ed Fagan, a déposé une plainte en recours collectif contre Bayer aux Etats-Unis, au nom, pas des victimes... mais des six millions de personnes (dont 500 000 en France) qui ont pris ce médicament depuis deux ans !

Chez Bayer, on affirme que rien ne permet au contraire de lier ces décès à son médicament. Lequel a tout de même bel et bien été retiré des tablettes en raison des risques de dégâts qu’il fait causer sur les tissus des muscles...

Cet "incident" est loin d’être anodin, parce qu’il concerne un mal dont l’expansion ne fait que commencer: le cholestérol. Le cholestérol, il convient de le rappeler avant d’aller plus loin, est une substance présente naturellement dans la plupart des coins de notre corps, et qui joue un rôle essentiel, notamment comme "transporteur" des acides gras. C’est à l’excès que le cholestérol devient dangereux: on lui attribue la responsabilité entre autres de l’artériosclérose, cette formation de dépôts sur les artères, qui peut entraîner un blocage de l’artère, et tout ce qui va avec.

Or, cet excès de cholestérol est une maladie des temps modernes, directement liée à une alimentation trop riche, trop grasse, trop tout. La crise qui frappe Bayer a du même coup rappelé combien ces géants pharmaceutiques dépensent des milliards pour trouver des traitements à des maux qui sont, justement, à l’ordre du jour. En effet, parallèlement à Bayer, Pfizer et Merck ont eux aussi investi dans le filon des "statines", nouvelle famille de médicaments anti-cholestérol, commercialisée depuis 1997-98. Et ces statines sont bien plus importantes pour ces compagnies que les médicaments anti-sida dont on parle pourtant plus souvent : le Tahor constitue le médicament no. 1 de Pfizer, et en représente à lui seul 16% du chiffre d’affaires. Davantage que le viagra !

Au point où plusieurs patients ont commencé à se demander si ce n’est pas de l’ensemble des statines dont ils devraient désormais se méfier, et pas seulement du Baycol.

Une alternative? Manger mieux coûterait moins cher à ces millions de patients, et comporterait moins d’effets secondaires. Mais serait tellement plus compliqué...

 


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