La dernière chance des singes
(Agence Science-Presse) - Est-ce la mission
de la dernière chance pour les grands singes?
Un biologiste britannique travaille actuellement à
un effort qui pourrait sauver de l'extinction nos plus
proches cousins. Mais il est minuit moins cinq, et il
est peut-être même trop tard.
Depuis son premier séjour en Afrique
en 1976, Ian Redmond a fréquemment affronté
des braconniers: ceux qui tuent des mamans gorilles
pour emmener leur petit et le vendre à fort prix
à un zoo (un million de dollars au marché
noir); ceux qui tuent des singes pour vendre à
prix tout aussi fort une main, une tête ou un
pénis. Ou pour la viande, très prisée
dans certaines communautés africaines. Et c'est
sans compter la coupe illégale de bois qui, de
l'Afrique à l'Indonésie, réduit
année après année le territoire
des chimpanzés, orang-outans, gorilles et bonobos.
Aussi, entre un reportage pour la BBC
en Malaisie et une rencontre avec le premier ministre
de la République centrafricaine qu'il conseille
sur des programmes de conservation de la faune, Redmond,
auquel la revue Science
consacre un portrait dans sa dernière édition,
agit comme porte-parole du programme sur lequel les
défenseurs des singes fondent aujourd'hui leurs
plus grands espoirs: GRASP (Great Apes Survival Project),
un programme géré par l'Organisation des
Nations Unies. Un des (très) rares projets scientifiques
à avoir reçu une réelle aide au
cours du Sommet de Johannesburg...
"Faire de la conservation de singes, c'est
comme faire du triage" dans un hôpital, décrit-il.
Pratiquement toutes les espèces de grands singes
sont désignées en voie de disparition
par les organisations internationales, et par la Convention
sur le commerce internationale des espèces menacées.
A la chasse et à la coupe de bois s'ajoute dans
plusieurs pays un climat de corruption ou d'instabilité.
Mais GRASP n'est pas le premier à
essayer. Si les espoirs placés en lui sont plus
élevés, c'est parce qu'il est le premier
à avoir des assises dans autant de pays. Il est
le premier et le seul à pouvoir générer
des partenariats par-delà les frontières,
à pouvoir mobiliser autant de gens d'un seul
coup... Si ces efforts-ci ne réussissent pas
à sauver par exemple les bonobos, eux dont on
dit qu'ils sont encore plus près de l'humain
que les chimpanzés, peut-être que plus
personne ne pourra y réussir.