
Le 9 octobre 2003

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Information scientifique gratuite: un grand bond en
avant
(Agence Science-Presse) - Les chercheurs qui
militent pour que les revues savantes -Science, Nature,
New England Journal of Medicine, etc.- soient gratuites
viennent d'obtenir un sérieux coup de pouce: l'un
des plus grands organismes subventionnaires de la recherche
vient de publier une étude qui en appelle à
un "accès ouvert".
A l'heure d'Internet, les revues scientifiques
font figure d'anomalie: dans cet univers du tout-gratuit,
elles restent jalousement payantes. Avec une bonne raison:
pour elles, ça fonctionne! Un chercheur digne de
ce nom, ou une bibliothèque universitaire digne de
ce nom, se doivent de recevoir les plus importantes et les
plus prestigieuses de ces revues, quel qu'en soit le prix,
sans quoi ils sont déconnectés de ce qui se
passe dans le domaine.
Mais il y a bien des bibliothèques
qui n'en ont pas les moyens, en particulier dans les pays
du Sud. Aussi, depuis trois ans, un mouvement s'est engagé,
rassemblant de plus en plus de chercheurs, mouvement qui
appelle à un boycott des revues qui refuseront d'ouvrir
gratuitement l'accès à leur contenu (recherches
scientifiques, base de données, etc.), dans les six
mois suivant la publication.
Excellente idée, vient de lancer le
Wellcome Trust, au grand dam des éditeurs qui contrôlent
ce marché très lucratif. Dans un rapport publié
au début du mois (An Economic Analysis of Scientific
Research Publishing), cet organisme britannique conclut
que l'actuel système d'abonnements à des milliers
de journaux et revues "ne fonctionne pas dans le meilleur
intérêt des scientifiques et du public, mais
est plutôt dominé par un marché commercial
dont l'intention n'est que d'améliorer sa position
sur le marché".
C'est, à peu de mots, exactement la
position des chercheurs qui militent pour la gratuité,
et notamment du mouvement Public Library of Science
(PLoS). Mais le fait que ce point de vue soit énoncé
par un organisme dont l'apport financier à la recherche
est majeur, constitue peut-être un point tournant
dans cet affrontement: car quand le Wellcome Trust parle,
toute la communauté scientifique n'a d'autre choix
que d'écouter.
Dans un communiqué publié séparement,
le Wellcome Trust apporte même son soutien à
ces publications Internet qui, comme celles du PLoS, testent
des "méthodes différentes de paiement" (comme
de faire payer le chercheur ou son université pour
publier leur recherche, plutôt que de faire payer
le lecteur).
"En tant que bailleur de fonds de la recherche,
nous avons l'obligation de veiller à ce que la science
que nous finançons soit disséminée
largement et soit accessible à tous, gratuitement."
Les éditeurs n'apprécieront pas, et ils apprécieront
encore moins la phrase qui suit immédiatement: "malheureusement,
les stratégies de distribution actuellement employées
par les éditeurs empêchent cela."
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