
Le 12 mai 2003

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Uranium appauvri: fin d'un conflit, début d'un
débat
(Agence Science-Presse) - Parmi les décombres
qui jonchent l'Irak aujourd'hui, se cache une quantité
colossale d'uranium appauvri, un élément radioactif
qui pourrait bien être plus cancérigène
que prévu.
Les gouvernements américain et anglais
ont toujours nié l'impact de ce métal sur
la santé des personnes exposées, s'appuyant
sur l'absence de résultats scientifiques probants.
Le 24 avril, l'ONU lançait un appel à la coalition
afin qu'elle révèle avec précision
les sites touchés par des armes contenant le métal
incriminé : une mission de nettoyage pourra alors
être entreprise pour réduire les risques d'exposition
de la population.
Les propriétés physiques de
l'UA lui permettent de transpercer les blindages, justifiant
son utilisation militaire. Il est créé artificiellement
à partir de l'élément naturel qu'est
l'uranium, par rapport auquel il est moins radioactif. C'est
d'ailleurs pour cette raison que les Américains et
les Britanniques prétendent que l'UA n'est pas dangereux
pour la santé. Mais ses effets sur l'homme ont été
sous-estimés, prétend le New Scientist
dans une synthèse récente. D'abord, l'effet
dit "bystander": les dommages ne concernent pas seulement
les cellules irradiées mais également leurs
voisines. Ensuite, c'est dans l'association de la toxicité
chimique de l'UA (altération de la structure chimique
de l'ADN, provoquant l'expression anormale de gènes)
et de sa radioactivité (cassure de la structure chromosomique,
aboutissant à de nouvelles jonctions et à
une expression génétique modifiée)
que résulterait le danger. Les gènes activés
par les radiations pourraient accroître les dommages
causés par l'effet chimique.
Pourquoi ces effets auraient-ils été
sous-estimés par les chercheurs en radiobiologie
? Toujours selon le New Scientist, les recherches
se basent traditionnellement sur de fortes doses pour pouvoir
extrapoler sur un effet occasionné par des doses
plus faibles. Or, paradoxalement, dans le cas de l'UA, c'est
à faible dose que les effets sont les plus importants,
car les celllules touchées par les radiations ne
meurent pas. Les perturbations génétiques
ont alors des répercussions sur les générations
cellulaires suivantes. Les conséquences réelles
peuvent donc apparaître quelques années après
l'irradiation. De plus, le danger d'exposition ne se limite
pas au moment du conflit : il dure en effet plusieurs années,
via les particules qui restent dans le sol et contaminent
les nappes phréatiques. Les scientifiques de l'Académie
nationale des sciences du Royaume-Uni soulignent ainsi l'importance
de suivre dès à présent un grand échantillon
de soldats et de civils, en procédant à la
fois à des analyses d'urine pour déceler une
éventuelle contamination et à un suivi général
de la santé de ces personnes, à long terme.
La fin de la guerre en Irak remet donc au
goût du jour le débat sur l'utilisation massive
d'UA dans l'armement. L'avancée des recherches scientifiques
permettra de donner un peu plus de crédit à
ceux qui doutaient du bien fondé des discours rassurants
des Américains et des Britanniques.
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