
Le 27 mars 2003

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Les cellules-souches perdent de leur attrait
(Agence Science-Presse) - La chute de la Bourse
a fait mal aux compagnies de télécommunications.
A présent, elle fait mal à un autre secteur
de la recherche scientifique: les biotechnologies. Et ces
dommages pourraient faire bien plus mal à long terme,
compte tenu du fait qu'une bonne partie de l'avenir des
sciences repose davantage sur les biotechnologies que sur
les télécommunications.
C'est qu'il s'est dépensé beaucoup
de milliards, ces dernières années, tandis
que compagnies après compagnies se lançaient
dans une course folle pour être les premières
à arriver on ne sait où. Or, l'espoir que
les cellules-souches se transforment en une série
de traitements pour une foule de maladies, de l'Alzheimer
aux problèmes cardiaques, est toujours aussi flou
qu'il y a cinq ans. Résultat, révèle
cette semaine la revue américaine Science:
les mêmes compagnies qui, hier, investissaient sans
compter, réduisent leur personnel et commencent à
regarder ailleurs.
La revue cite les analystes boursiers BioCentury,
selon qui les montants investis en capital de risque dans
les firmes liées à la recherche sur les cellules-souches
auraient fondu de 50% depuis trois ans, passant à
50 millions$ en 2002. Une baisse qui suit à la trace
la baisse des valeurs boursières de ces mêmes
compagnies.
Une chanson que connaissent déjà
les ex-présidents des ex-compagnies Internet: "les
jours où ils investissaient dans des recherches aussi
hypothétiques sont terminés", déclare
Robert Lanza, d'une firme appelée Advanced Cell Technology
(ACT): celle-là même qui a eu son jour de gloire
il y a un an et demi, lorsqu'elle a prétendu avoir
réussi le premier clonage d'un embryon humain...
en réalité, le clonage à moitié
raté d'une demi-douzaine de cellules au fond d'une
éprouvette (voir
ce texte).
Est-ce à dire que la recherche sur
les cellules-souches va connaître un temps d'arrêt?
Chose certaine, les perspectives ne sont guère brillantes
pour les compagnies qui, comme Geron, une des pionnières
dans le domaine, sont entrées à la bourse:
la valeur de ses actions, qui avait atteint le sommet de
69$, oscille maintenant autour de 1,70$. Son personnel est
passé de 90 à 40 en janvier.
Et les perspectives ne sont guère plus
brillantes pour celles qui, comme ACT, n'ont pas eu le temps
de profiter de leur gloire éphémère:
trois de ses quatre scientifiques de haut niveau, qui avaient
été recrutés avec fanfare en 2001,
ont quitté, les uns pour le Japon, l'autre pour fonder
sa propre compagnie. En Ecosse, PPL Therapeutics, un temps
associé à la célébrissime brebis
Dolly, a annoncé l'an dernier qu'il abandonnait le
champ des cellules-souches. PPL aussi est allé en
bourse: ses actions, au début de 2000, ont atteint
le sommet impressionnant de 320$. Aujourd'hui, elles sont
à 11$. Un autre air connu pour ceux qui avaient parié
sur les compagnies Internet...
Restent évidemment les gouvernements
pour financer ces recherches sur les cellules-souches. Sauf
qu'aux États-Unis, on s'en souviendra, le gouvernement
Bush avait annoncé l'an dernier qu'il refuserait
de subventionner toute recherche utilisant des cellules
d'embryons humains, à l'exception des lignées
qui existaient déjà en laboratoire avant août
2001. Une décision que les chercheurs avaient unanimement
dénoncée, mais qu'ils avaient en même
temps accueillie avec un haussement d'épaules, convaincus
que l'enthousiasme du secteur privé face à
ces recherches compenserait la froideur des gouvernements...
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