
Le 28 octobre 2003

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Vous êtes une statue d'argile
(Agence Science-Presse) - L'eau n'est peut-être
pas le seul élément à avoir joué
un rôle crucial dans l'apparition de la vie. Assez
étonnamment, l'argile aurait eu aussi son mot à
dire.
Il y a quatre milliards d'années, selon
la théorie acceptée par les biologistes, les
plus anciennes bactéries n'étaient que des
noyaux contenant le matériel génétique
(l'ADN). Ce noyau n'était pas, au contraire des bactéries
actuelles et de toutes les formes de vie, nous inclus
protégé par une membrane cellulaire.
Or, l'argile aurait représenté
la substance idéale pour unir le matériel
génétique à ces membranes cellulaires,
avancent des chercheurs de l'Hôpital général
du Massachusetts à Boston. Un milieu argileux, ont-ils
constaté, accélère la formation de
"sacs membraneux remplis de fluides", capables de croître
et d'entamer une forme de division. De là leur conclusion,
parue dans la dernière édition de la revue
Science: de tels sacs organiques, genre de cellules
primitives mais sans matériel génétique,
auraient coexisté pendant les premiers âges
de la Terre, à côté des bactéries
primitives; et c'est à l'intérieur de milieux
argileux que ces deux éléments auraient expérimenté,
pour la première fois, l'union
donnant naissance aux premières véritables
cellules. L'expérience aurait tellement bien
réussi qu'elle serait partie à la conquête
du monde, avec les résultats qu'on connaît.
L'intérêt des biologistes pour
l'argile n'est pas nouveau: d'autres chercheurs ont par
le passé démontré que cette banale
terre glaise peut contribuer à l'assemblage de l'ARN
cette autre partie du matériel génétique
à partir de composés chimiques plus simples.
Les biologistes invoquent les charges électriques
négatives des différentes couches de l'argile,
qui créeraient un environnement favorable à
la formation de longues chaînes de ces composés
chimiques. Or, l'ARN, tout comme l'ADN, ce n'est rien de
plus que de longues chaînes...
N'empêche que tout ceci n'est pour l'instant
qu'une hypothèse, reconnaissent Martin Hanczyc et
ses collègues Shelly Fujikawa et Jack Szostak. Le
fait d'avoir observé ces sacs membraneux en pleine
croissance dans de l'argile de l'argile montmorillonite,
plus précisément ne signifie pas que
le même scénario s'est produit il y a 4 milliards
d'années; il resterait, pour en avoir le coeur net,
à reproduire cette union en laboratoire. Là-dessus,
nul doute que des microbiologistes vont s'y atteler dans
les années à venir.
Mais l'hypothèse est importante parce
que, pour l'instant, elle permet de combler de façon
plausible un des chaînons manquants de l'évolution:
comment les premières cellules sont-elles apparues?
Une cellule représente en effet une organisation
simple à notre échelle, nous qui en possédons
des milliards dans notre corps, mais c'est en réalité
un assemblage très complexe à l'échelle
des composés organiques qui nageaient dans la soupe
primitive d'il y a 4 milliards d'années.
Qui plus est, c'est un chaînon manquant
très important, parce que c'est seulement une fois
qu'ils ont été protégés par
une membrane que les noyaux, donc le matériel génétique
qu'ils contiennent, ont pu croître et se multiplier
en toute sécurité.
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