
Le 16 février
2004

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Qu'est-ce que le clonage thérapeutique?
(Agence Science-Presse) - Avant même
la brebis Dolly, en 1996, les scientifiques ont commencé
à faire circuler une nouvelle expression: le clonage
thérapeutique. Par opposition au clonage reproductif,
qui consiste à reproduire un être vivant, le
clonage thérapeutique, lui, ne vise qu'à produire
des cellules à des fins médicales.
Imaginons par exemple que vous souffriez d'Alzheimer.
On clone quelques-unes de vos cellules saines, on les injecte
dans votre cerveau et hop! Celle-ci se multiplient et viennent
ainsi combler les trous laissés par cette maladie.
Sauf que tout cela relève de la science-fiction.
Vos cellules saines doivent être des cellules-souches,
autrement dit des cellules qui ne se sont pas encore spécialisées,
et auxquelles les médecins espèrent "ordonner"
de se transformer en ce qu'ils veulent cellules cardiaques
pour soigner les cardiaques, rénales pour soigner
l'insuffisance rénale, cellules de pancréas
pour soigner les diabétiques, etc.
Des cellules-souches, cela existe dans votre
corps, mais la science ignore encore si elles feront l'affaire:
pour l'instant, les cellules-souches les plus prometteuses
sont celles des embryons. D'où l'expérience
sud-coréenne, et beaucoup d'autres expériences
avant elle et après elle depuis huit ans.
Le clonage thérapeutique est pour l'instant
interdit aux Etats-Unis et dans une cinquantaine de
pays ce qui explique que les travaux dévoilés
cette semaine aient eu lieu en Corée du Sud, quelques
années après que les premiers pas aient pourtant
été franchis aux Etats-Unis on se rappellera
une annonce montée en épingle de la firme
Advanced Cell Technology (novembre
2001).
Mais il y a encore du chemin à faire.
Ne serait-ce qu'en raison du fait qu'il a fallu prélever
246 ovules pour arriver à une seule lignée
viable de cellules-souches utilisables pour un traitement.
En fait, le terme clonage thérapeutique
a été tellement employé ces dernières
années qu'il
en est devenu galvaudé: on a créé
l'impression d'une thérapie qui serait presque à
la portée de la main. Alors qu'il n'en est rien.
Les chercheurs qui bénéficient des plus gros
budgets en sont encore à consacrer l'essentiel de
leurs énergies à simplement comprendre les
racines génétiques des maladies. Il
pourrait s'écouler 20 ans encore, peut-être
plus, avant que ces chercheurs ne possèdent les
connaissances suffisantes en génétique et
en protéomique pour prétendre être capables
de réaliser un clonage thérapeutique simple
et commercialisable. Cela pourrait même ne jamais
se produire: ce ne serait pas le premier cas, dans l'histoire
des sciences, d'une discipline qui, prometteuse en théorie,
s'est effondrée devant l'énormité des
difficultés.
Un clonage reproductif, lui, risque de se
produire bien plus tôt, alors qu'on en sera encore
à débattre du potentiel d'un hypothétique
clonage thérapeutique.
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