
Le 24 janvier 2004

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Une planète rouge, mais avec une touche de bleu
(Agence Science-Presse) - Il aura donc fallu
30 ans pour en avoir la confirmation: il y a bel et bien
de l'eau sur Mars. On le supposait, on l'estimait, on s'en
doutait, on en rêvait: les sondes américaines
et soviétiques, depuis 1972, avaient créé
de multiples espoirs et, parfois, de cruelles déceptions.
C'est à la première sonde européenne
qu'est revenu l'honneur de clore le dossier.
Beagle 2 n'a jamais donné de nouvelles
depuis son arrivée sur Mars, le mois dernier, mais
son vaisseau-mère, Mars Express, en orbite autour
de Mars, ravit ses créateurs. Jamais le sol de Mars
n'a été "fouillé" avec autant de détails
et c'est parmi ce luxe de détails qu'est venue
ce vendredi, 23 janvier, la confirmation qu'attendaient
les hydrologues, géologues et autres planétologues.
Hydrogène
et oxygène présents dans les bonnes proportions:
il y a de l'eau glacée au voisinage du Pôle
Sud.
Il y en a, et il y en a eu, révèlent
par ailleurs les clichés. "Je pense que nous pouvons
fermement dire que, oui, il y a jadis eu de l'eau qui a
coulé à la surface de Mars", a déclaré
Gehrard Neukum, de l'Université libre de Berlin,
scientifique en chef de la caméra c'est vraiment
son titre tandis que l'Agence spatiale européenne
rendait publique une première série préliminaire
de données.
Parmi les images reçues au centre des
opérations de l'ESA à Darmstadt (Allemagne),
on aperçoit en effet bien d'autres choses que de
l'hydrogène et de l'oxygène. Par exemple,
ce qui ressemble furieusement à des sédiments
que laisse sur le rivage toute bonne rivière qui
se respecte. Ces images-là, elles, concernent
l'eau qui coulait jadis, il y a très, très
longtemps.
Le degré de résolution des images
on pourra y voir des objets d'à peine 2 mètres
de large dépasse en qualité ce que peuvent
fournir les deux sondes américaines qui tournent
en ce moment autour de Mars, Global Surveyor et Odyssey.
Et "ce n'est que le commencement. Il y a plus
à venir dans les deux prochaines années",
prévient, sur les ondes de la BBC, David Southwood,
directeur scientifique de l'ESA. Ces images, en fait, ont
généré davantage d'excitation au sein
de l'équipe scientifique que la confirmation de la
présence d'eau, tant il est vrai que plus personne
ne doutait qu'il y ait jadis eu de l'eau sur Mars, et que
tous semblaient convaincus qu'il devait bien en rester quelque
part.
Mais à long terme, c'est
la découverte d'eau qui marquera cette mission.
Non loin du Pôle Sud. De l'eau sous forme de glace,
cela va sans dire, mais bien de l'eau, et non de la glace
de gaz carbonique, comme il y en a tant aux Pôles
martiens. Et cette eau glacée n'est pas si en profondeur
qu'on l'aurait cru: "il
s'agit d'eau en surface, au jour", va jusqu'à
affirmer Jean-Loup Bertaux, un des responsables de mission.
S'évapore-t-elle en été
pour reprendre sa place l'hiver? Les opinions divergent
à ce sujet. Mais Mars Express et ses sept instruments
poursuivent les analyses -ce sera le tour du Pôle
Nord dans quelques jours et la quantité astronomique
de données qui s'accumule dans les ordinateurs déjà
100 gigabits! contient sans doute beaucoup d'autres
découvertes.
En attendant, les espoirs les plus fous sont
permis. Car le directeur de vol, Mike McKay, s'est laissé
échapper devant les journalistes: si on a pu trouver
aussi vite de la glace presque en surface, qui sait si on
ne trouvera pas de l'eau liquide à quatre ou cinq
kilomètres sous la surface, distance jusqu'à
laquelle, à partir d'avril, le radar de Mars Express
pourra "creuser"...
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