
Le 8 mai 2006

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Bébés morses à la dérive
(Agence Science-Presse) - Eh bien non, les
ours blancs ne sont pas les seuls habitants des régions
polaires à souffrir du réchauffement de la
planète. Une équipe de chercheurs américains
de l'Institution océanographique Woods Hole annonçait
en avril dans la revue Aquatic Mammals une inquiétante
observation: des bébés morses livrés
à eux-mêmes dans les eaux de l'Arctique.
Eté 2004. Partis à bord d'un
brise-glace étudier l'impact du changement climatique
sur l'écosystème polaire dans le Bassin Canadien,
les scientifiques ont eu la surprise de croiser à
neuf reprises de très jeunes morses solitaires...
et de ce fait condamnés! Les animaux nageaient autour
du navire en pleurant. En effet, chez cette espèce
le morse du Pacifique (Odobenus rosmarus divergens)
mères et petits sont inséparables durant au
moins 2 ans.
La dépendance n'est pas seulement affective
mais aussi alimentaire puisque les mères allaitent
pendant toute cette période. Laissant leurs petits
en sécurité sur la glace, elles partent chercher
en zone peu profonde (100 mètres maximum) des crabes
et surtout des palourdes leur péché
mignon qu'elles dénichent à l'aide de
leurs vibrisses tactiles.
D'ordinaire, en été, la banquise
atteint encore le plateau continental au nord de lAlaska.
Mais voilà qu'avec le réchauffement, la banquise
bat en retraite et ne persiste plus qu'au-dessus des hauts
fonds (jusqu'à 3000 m). Catastrophe pour les morses :
il leur est impossible de plonger à de telles profondeurs,
donc très difficile de trouver de quoi manger.
Lee W. Cooper, biogéochimiste à
l'Université du Tennessee et auteur principal de
l'étude, suppose que les petits sont séparés
de leur mère de deux manières. Première
hypothèse, ils doivent suivre leurs mères
obligées de parcourir de longues distances pour pêcher,
puis les perdent de vue. Seconde hypothèse, la surface
de glace sur laquelle ils patientent se détache de
la banquise et dérive avant de fondre. Ainsi abandonnés,
leur destin est scellé : mourir de faim ou noyés,
les cas d'adoption par une autre femelle étant exceptionnels...
Caroline Lepage
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