
Le 14 juillet 2006

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Gaz à effet de serre grandement sous-estimés
(Agence Science-Presse) - Alors que le Canada
se fait reprocher de vouloir abandonner Kyoto, il est possible
que la plupart des gouvernements sous-estiment leurs émissions
de gaz à effet de serre. Et dans certains cas, la
sous-estimation est énorme. Au point de donner une
tout autre couleur aux objectifs de réduction imposés
par Kyoto.
Les émissions sous-estimées
seraient celles de méthane, plutôt que celles
de dioxyde de carbone. Ainsi, selon Peter Bergamaschi, du
Centre de recherché conjoint de la Commission européenne,
la Grande-Bretagne serait le pire élève, ayant
émis 92% plus de méthane que ce quelle
déclare en vertu du Protocole de Kyoto; et la France
suivrait, avec 47% de plus.
En chiffres bruts: la Grande-Bretagne aurait
émis 4,21 millions de tonnes de méthane en
2004, plutôt que 2,19 millions de tonnes. La France
en aurait émis 4,43 millions de tonnes, plutôt
que 3,01 millions.
En vertu du Protocole de Kyoto, chaque pays
doit calculer ses émissions de dioxyde de carbone,
de méthane et doxyde nitrique. Les estimations
faites par les gouvernements ont
été assez bien acceptées jusqu'ici
par les scientifiques, selon le New Scientist,
bien quelles naient jamais fait lobjet
dévaluations indépendantes. Une lacune
à laquelle ont tenté de pallier deux équipes,
celle de Pergamaschi et celle de Euan Nisbet, de lUniversité
royale Holloway de Londres. Ces deux chercheurs réclament
d'ailleurs la mise en place d'un système de vérification
indépendant.
Ces chercheurs prétendent évidemment
que leur méthode est plus complète, parce
quelle tient compte de plus de variables, mais comment
le démontrer? Réponse: on ne le peut pas,
personne ne pouvant calculer lensemble de ce qui sort
des usines, des automobiles, des sites denfouissement,
en plus des sources naturelles et sur une année
complète de surcroît, pour tenir compte des
variations saisonnières. Mais depuis 2004, lAllemagne
a réévalué à la hausse de 70%
ses estimations démissions de méthane,
les plaçant du coup presque au même niveau
que lévaluation des scientifiques.
Ces derniers ne se sont penchés que
sur lEurope, mais affirment que le problème
est planétaire. La Chine, on le sait, est un problème
alarmant, à la vitesse où augmente le niveau
de vie de ses habitants et leur parc automobile. Elle est
déjà le deuxième plus gros émetteur
de gaz à effet de serre, derrière les Etats-Unis.
Or, à lheure où de largent
est en jeu, puisquon peut désormais "vendre"
ses émissions de gaz à effet de serre sur
la "bourse du carbone" ou être obligé
de payer pour ses surplus, le risque de fraude est accru:
un pays a maintenant de bonnes raisons de continuer à
sous-estimer ses émissions. Doù limportance
dun système de vérification indépendant.
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