
Le 17 mars 2006

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Hommage à...
Nicholas Shackleton
(Agence Science-Presse) - La géologie
n'est vraiment pas la science capable de faire de vous une
célébrité et, de fait, si on se souvient
de Sir Nicholas Shackleton, décédé
en janvier à l'âge de 68 ans, c'est parce qu'il
fut l'un des premiers à lancer l'alerte sur les changements
climatiques.
Il faut dire que pour lui, changements climatiques
étaient synonyme de long terme: il
en a étudié des cycles remontant à
plus d'un million d'années.
Professeur émérite au département
des sciences de la Terre de l'Université de Cambridge,
en Angleterre, où il a fait toute sa carrière,
il s'était spécialisé en paléoclimatologie,
c'est-à-dire l'histoire des climats du passé,
et en paléoocéanographie: les océans
tels qu'ils étaient il y a très longtemps.
En fait, il est pratiquement un père-fondateur de
cette branche de l'océanographie.
Sa cible était tout particulièrement
l'ère quaternaire, la plus récente en termes
géologiques, soit en gros les 2 derniers millions
d'années.
Il aurait donc pu s'en tenir aux climats du
passé, puisqu'entre ce qui s'est passé il
y a 1 à 2 millions d'années, et ce qui va
se passer dans 100 ans, il y a un gouffre temporel. Sauf
qu'au fil de ses études des avancées et des
reculs des calottes glaciaires, il avait conclu qu'une des
forces majeures en cause, c'est le niveau de dioxyde de
carbone dans l'atmosphère: celui-ci a un impact plus
important encore que la température. Résultat,
accroître les émissions de ce gaz dans l'atmosphère,
comme notre civilisation est en train de le faire, ne pourra
qu'entraîner un réchauffement de la planète.
C'était dans les années 1970.
Il a laissé la croisade à d'autres:
les données qu'il a accumulé sur des cycles
climatiques longs de 100 000 ans, les mouvements glaciaires,
l'orbite de la Terre autour du Soleil et les traces isotopiques
dans les sédiments, étaient déjà
suffisamment abondantes pour
révolutionner nos connaissances sur l'histoire de
notre planète.
Son travail lui a valu des récompenses
allant de Fellow de la Société royale à
récipiendaire du Prix Crafoord ce qui s'approche
le plus d'un Nobel dans les sciences de la Terre en
passant par le Prix Planète bleue (Japon), et bien
sûr le titre de chevalier (Sir).
Et en plus d'être géologiste,
Nicholas Shakleton était reconnu à Cambridge
comme un spécialiste de la... clarinette. Il en était
un joueur accompli et un historien renommé! A Cambridge,
en plus de ses conférences sur la géologie
du quaternaire qui étaient ensuite lues par des étudiants
du reste de la planète, il enseignait... la physique
de la musique!
Il est décédé le 24 janvier
de leucémie dans sa résidence de Cambridge.
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