
Le 18 septembre 2006

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Quand la religion fait progresser la science
(Agence Science-Presse) - Le refus obstiné
des Témoins de Jéhovah à recevoir des
transfusions force les médecins à développer
de nouvelles approches. Des approches qui, en retour, bénéficient
à tous, peu importe leur religion.
" Plusieurs médecins refusent
de traiter les Témoins de Jéhovah. Moi, jy
ai plutôt vu une opportunité daméliorer
nos pratiques. Opérer sans transfusion, cest
comme faire du trapèze sans filet : il faut
être beaucoup plus prudent ", explique
le Dr Nicolas Jabbour, qui dirige actuellement lInstitut
de transplantation du Integris Baptist Medical Center, à
Oklahoma City.
Il y a six ans, la Southern California University
lançait un programme de greffes du foie sans transfusion.
Initialement destiné aux Témoins de Jéhovah,
le programme a eu des résultats si positifs qu'il
a été élargi à lensemble
des patients, révèlent le Dr Jabbour et ses
collègues dans l'édition du 18 septembre de
la revue médicale Archives of Surgery.
Il faut savoir que pendant une greffe de foie,
les malades perdent généralement beaucoup
de sang et nécessitent de nombreuses transfusions.
Or, les patients qui perdent beaucoup de sang ont de moins
bonnes chances de survie.
Pour réduire le recours aux transfusions,
les patients commencent par se constituer des "réserves"
de globules rouges en prenant du fer et de lEPO (érythropoïétine,
lhormone dopante des sports dendurance) plusieurs
semaines avant leur opération. Cela donne une meilleure
marge de manuvre aux médecins en cas dhémorragie.
Ensuite, durant la greffe elle-même,
deux techniques permettent déviter le recours
à des produits sanguins. Les médecins peuvent
diluer le sang du patient avec un autre liquide, ce qui
permet de maintenir la pression et la circulation dans le
corps. Ils peuvent aussi réinjecter, une fois filtré,
le sang perdu par le patient.
" Ce sont des techniques simples,
mais encore peu utilisées ", explique
le Dr Jabbour. Elles sont jugées acceptables par
les Témoins de Jéhovah, qui refusent de recevoir
le sang dautrui ou de stocker leur propre sang en
prévision dune opération.
Qui plus est, cette chirurgie sans transfusion
permet non seulement de diminuer les risques liés
aux transfusions (réaction du système immunitaire,
transmission de maladies), mais elle diminue aussi la demande
auprès des banques de sang, soulignent le Dr Jabbour
et ses collègues dans leur étude. Comme quoi
science et religion font parfois bon ménage!
Raphaëlle Derome
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