
Le 27 mars 2006

Retour
au sommaire des capsules
Les avions aussi polluent
(Agence Science-Presse) - Quand on évoque
les gaz à effets de serre, la voiture concentre souvent
toutes les critiques, par opposition aux transports collectifs.
Et pourtant, lavion ne tient pas la comparaison face
à la voiture.
Prenons les émissions de CO2, le principal
gaz à effet de serre. LInstitut français
de lenvironnement (IFEN) estime qu'à travers
le monde, un passager en avion émet 40% plus de CO2
quun passager en voiture en France. Et encore considère-t-on
une moyenne de 1,8 passager par voiture.
Un calcul complexe basé sur la pollution
occasionnée par la production des véhicules
automobiles par rapport à leur durée de vie
permet de réduire l'écart. Mais lavion
continue de polluer 16 % de plus par passager-kilomètre.
Derrière le CO2
Pire encore : à ces émissions
de CO2, il faut encore ajouter les émissions doxyde
dazote qui génèrent de lozone,
un autre gaz à effet de serre. La vapeur deau
émise par les avions contribue également à
leffet de serre, ainsi que les traînées
blanches qui résultent de la condensation de cette
vapeur au contact de lair froid, quoique leurs effets
soient encore mal connus. Enfin, ces émissions se
font en partie en altitude, cest-à-dire dans
une partie de latmosphère particulièrement
sensible, ce qui augmente leur impact.
Pour rendre compte de lensemble de la
pollution et pas seulement du CO2, lIPCC (International
Panel on Climate Change), lorgane mondial chargé
dévaluer le changement climatique sous l'égide
des Nations Unies, a proposé une mesure appelé
le forçage radiatif. Selon cette mesure, l'IPCC
estime que, pour avoir une bonne approximation de limpact
de laviation, il faudrait multiplier par 2,7 ses émissions
de CO2, alors que le coefficient appliqués aux autres
activités humaines nest généralement
que de 1,5.
Résultat ? Un vol transatlantique,
dans de bonnes conditions (bien rempli, dans un avion récent,
sans classe affaires), émet une tonne de CO2 par
passager. En multipliant par 2,7, on saperçoit
que laller-retour Paris-New York pollue autant que
lensemble des activités dun Français
pendant 4 mois. Les longs courriers polluent plus en un
seul vol du fait de la distance parcourue, mais les vols
de courte distance polluent plus au kilomètre, car
les émissions sont à leur plus fort au décollage
et à latterrissage.
À léchelle mondiale
Le bilan mondial de laviation face
à lensemble des sources de pollution peut sembler
raisonnable : 3,5% du forçage radioactif total, ou
13 % du forçage dû au transport. Mais cette
part devrait augmenter jusquà 6% en 2050, daprès
le RCPE, un groupe-conseil auprès du gouvernement
britannique. Les raisons: larrivée à
la retraite des baby-boomers qui devrait développer
le tourisme international et les pays en expansion, comme
la Chine, dont le marché de l'aviation est celui
qui croît le plus vite qu monde.
Alors, doù pourrait venir le
changement ? Contrairement aux voitures, " il
y a une aide gouvernementale importante et un intérêt
commercial évident pour améliorer lefficacité
de la consommation de carburant des avions ",
souligne Paul Upham, chercheur au centre britannique Tyndall
pour la recherche sur le changement climatique. Dailleurs,
dimportant progrès ont été accomplis :
la consommation de kérosène a diminué
de 70% depuis 40 ans. Mais la longue durée de vie
des appareils (20 ou 25 ans), empêche une diffusion
rapide des innovations.
Lautre solution pourrait être
politique. Laviation est pour le moment exclue des
cibles du protocole de Kyoto, même si les pays industrialisés
signataires sont responsables de la baisse de leurs émissions
de gaz à effet de serre émis par laviation,
à travers lOACI, lOrganisation de laviation
civile internationale.
Lune des possibilités serait
cette bourse de droits à polluer qui se met actuellement
en place. Les différentes entreprises polluantes
ont le droit démettre une quantité limitée
de gaz polluants et peuvent revendre ces droits. Comme cette
vente peut rapporter gros, les entreprises ont tout intérêt
à réduire leur production de gaz pour vendre.
LUnion européenne a mis ce système en
place auprès de 12 000 entreprises en 2005;
reste à létendre au secteur aérien.
Rien encore de l'autre côté de l'Atlantique.
Mélody Enguix
Capsule
suivante
Retour
au sommaire des capsules
Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse
en produit des semblables -et des meilleures!- chaque
semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science
et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!
|