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Du 2 au 5 février 1999,
quelque 800 personnes provenant d'une vingtaine de pays
se sont réunies à Québec pour le premier
Sommet mondial de la nordicité.
L'Agence Science-Presse vous en offre
un compte-rendu au jour le jour.
Où est le Nord?
Le Sommet mondial de la nordicité se déroule sous la présidence
d'honneur d'un individu hors du commun: le géographe de l'Université
Laval M. Louis-Edmond Hamelin. Plus que quiconque, il a consacré
les dernières décennies à faire connaître et
surtout, aimer l'hiver, la neige, le froid, et le Nord. C'est à lui
qu'on doit le mot "nordicité" -un concept qui, à
l'époque, était carrément révolutionnaire.
"Lorsque la notion de nordicité a été publiée
pour la première fois en 1965, les gens ne comprenaient pas pourquoi
j'utilisais cette terminologie. A cette époque, le terme nordique
référait spécifiquement à la Scandinavie",
a rappelé le "nordologue", dans le cadre de son allocution
d'ouverture du Sommet.
Aujourd'hui, le mot nordicité est considéré comme
un canadianisme par les dictionnaires français et anglais et il désigne
de façon générale les régions nordiques et toutes
questions associées, autochtonie, toponymie, développement,
géographie, climat, etc.
Mais où est donc ce Nord, au juste? Quels pays sont véritablement
touchés par la nordicité? Ces questions ont incité
le chercheur à creuser encore un peu plus son concept.
Il s'est mis à classifier les villes nordiques en fonction de
leur valeur polaire (vapos), calculée à partir de dix facteurs
dont la latitude, la population, l'activité économique, les
transports terrestres, les précipitations. C'est ainsi que la ville
de Québec obtient 125 vapos ... ce qui l'exclue du monde nordique!
Situé entre la "ligne" des 200 vapos et le Pôle
nord (1000 vapos), le monde nordique prend une forme ovale. Il englobe en
tout ou en partie la Russie, le Canada, l'Alaska, le Groenland et les pays
scandinaves.
L'indice de nordicité a aussi servi à diviser le Canada
en quatre zones nordiques: le Canada de base, le moyen nord, le grand nord
et l'extrême nord.
Si la ville de Québec n'a pas l'honneur de se retrouver dans le
"pays de la nordicité", elle reste néanmoins concernée
par la froidure. Louis-Edmond Hamelin, on ne s'en étonnera pas, a
depuis longtemps adopté une attitude positive face au froid : "plutôt
que de subir l'hiver, apprenons à mieux s'adapter et à vivre
cette belle saison avec enthousiasme".
(2 février 1999)
Version économiste du déneigement
Au Québec, 840 millions$ sont dépensés chaque année
pour l'entretien hivernal des routes et des rues: et cet entretien se fait
essentiellement par la bonne vieille méthode du déneigement.
La Suède, longtemps citée en exemple pour avoir réduit
ses activités de déneigement dans les régions éloignées,
par mesure d'économie -en d'autres termes, on laisse les routes sur
la neige, et on n'enlève que le trop-plein- revient peu à
peu au déneigement traditionnel, avec épandage de sel. Au
grand dam des écologistes.
Les automobilistes québécois sont très exigeants,
a reconnu Luc Crépeault, du ministère des Transports du Québec,
et il n'est pas question d'adopter la "méthode suédoise".
"Les gens en veulent pour leur argent et ont les nerfs à fleur
de peau." Les coûts engendrés par les accidents en hiver
jouent également en faveur d'un déneigement le plus efficace
possible: on les évalue à 1,2 milliard$. Et bien qu'en hiver,
le nombre de kilomètres parcourus chute de 28%, le nombre d'accidents
mortels reste sensiblement le même qu'en été.
(3 février 1999)
Universités: Cap sur l'Arctique
L'Université Laval de Québec devient la première
université francophone à participer au réseau circumpolaire,
une association regroupant 50 établissements universitaires dans
13 pays, comme la Chine, la Finlande, le Danemark ou la Russie. Les chercheurs
et étudiants de ces universités partagent tous un intérêt,
on l'aura deviné, pour le développement durable de l'Arctique.
Confrontée à des changements très rapides, cette zone
apparaît de plus en plus comme une entité propre, et envisage
même de se doter de sa propre université.
Une université sans murs, qui permettrait d'assurer la formation
de populations isolées, grâce à l'enseignement à
distance ou aux professeurs invités. Des universitaires membres du
réseau circumpolaire, qui travaillent déjà ensemble
sur des projets de recherches en lien avec la nordicité, réfléchissent
ainsi à la possibilité de mettre en place un baccalauréat
d'ici deux ans. Un projet pilote de réseau de doctorat, proposé
par le Groupe d'études inuit et circumpolaires (GETIC) de l'Université
Laval, pourrait également servir de base à une formation de
troisième cycle pour cette Université de l'Arctique. Jusqu'à
présent, les étudiants de huit pays du circumpolaire participent
à des rencontres sur des thèmes comme le développement
du Nord, l'autonomie gouvernementale et la dépendance économique.
Cette université de l'Arctique en émergence constitue un
moyen, selon ses concepteurs, de mettre en commun les connaissances de divers
pays sur des sujets tels le changement climatique, les langues de communication,
les espèces migratoires, les contaminants ou l'autodétermination
politique. Il s'agit également de concilier les savoirs autochtones
et occidentaux afin de trouver un modèle de formation unique. Pas
question en effet d'imposer dans cette université à cheval
sur plusieurs pays une vision éducative directement importée
de l'Europe, de l'Amérique ou de l'Asie.
Pascale Guéricolas
(3 février)
Internet au Nord du 60e
Les utilisateurs des services Internet résidant dans le Nord préfèrent
parler du sentier de l'information, plutôt que de l'autoroute, tant
les obstacles au branchement abondent. Les gouvernements du Québec
et du Canada tentent donc de trouver des moyens pour faciliter l'implantation
des nouvelles technologies dans ces zones isolées, et baisser les
coûts d'accès à la toile mondiale. Les fournisseurs
de services, souvent en situation de monopole, ont en effet tendance à
pratiquer des tarifs prohibitifs...
Lors d'une présentation au Sommet mondial de la nordicité,
Michel Carrière, de la direction des applications de l'autoroute
de l'information à Industrie Canada, a ainsi souligné le succès
que remportent certains centres d'accès communautaires, implantés
dans des villages autochtones du Nord du Canada. Des écoles ont pu
recevoir des ordinateurs, ainsi qu'une aide financière pour utiliser
les services des fournisseurs, mais aussi pour former les usagers à
l'utilisation d'Internet. Certaines communautés ont même pu
construire leur propre site Web, ce qui, à ce qu'on dit, aurait même
contribué à réduire la délinquance juvénile,
étant donné l'engouement des plus jeunes pour cette nouvelle
technologie!
Au Québec, on prévoit en faciliter graduellement l'accès
aux services communautaires et de santé des villages du Nord dès
ce printemps. Un fournisseur de services a accepté de pratiquer les
mêmes tarifs d'accès pour l'ensemble des établissements
de santé de la province, qu'ils soient à Trois-Rivières
ou à Kuujjiak, et d'étendre cette entente aux organismes locaux
du Nord. Certaines localités pourraient donc bientôt se doter
de centres d'accès communautaires. Les particuliers, par contre,
continueront à souffrir de l'absence de concurrence entre fournisseurs...
et à payer le prix fort.
Pascale Guéricolas
(3 février 1999)
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