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L'autre monde
Ceci n'a rien à voir avec la découverte
d'une planète semblable à la Terre, ont bien pris soin de
préciser les astronomes. Mais pour ceux qui s'imagineraient que cette
précision diminue l'importance de la découverte, détrompez-vous:
c'est peut-être l'observation astronomique la plus importante depuis
des décennies.
Le petit point blanc au bas de cette photo réalisée
par le télescope spatial Hubble, c'est, si l'équipe dirigée
par l'astronome américaine Susan Terebey ne s'est pas trompée,
une planète. Une planète faisant deux à trois fois
la taille de Jupiter, qui tourne autour d'une étoile (en haut de
la photo), ou plus exactement d'une étoile double, appelée
TMR-1, située à 450 années-lumière de nous.
Une "jeune" étoile double: moins d'un million d'années.
Et s'il s'agit bel et bien d'une planète (il subsiste là-dessus
une incertitude, la frontière entre un corps appelé naine
brune et une planète géante s'étant avérée
de plus en plus floue ces dernières années), alors celle-ci
passera à l'histoire comme la toute première planète
jamais observée en-dehors de notre système solaire.
La Terre, de même que huit autres planètes
(Vénus, Mars, Jupiter, etc.) tournent autour d'une étoile:
le Soleil. Et depuis qu'un certain Galilée a établi cela,
des tas de savants et d'artistes, ont spéculé: pourquoi chaque
étoile n'aurait-elle pas elle aussi des planètes lui tournant
autour? D'autres Jupiter, d'autres Vénus... et d'autres Terre?
Le problème, c'était évidemment de
les observer, ces "planètes
extra-solaires". Une planète est des milliers de fois plus
petite qu'une étoile, et ne brille pas. Tenter d'en observer, c'est
comme observer une chandelle en fixant un projecteur de 100 millions de
watts!
Mais la technologie faisant des pas de géants, on
devenait notamment capable de détecter les oscillations de plus en
plus infimes d'une étoile -une planète tournant autour ne
peut faire autrement que de provoquer des oscillations dans un sens, puis
dans l'autre. En 1995, la nouvelle que tout le monde attendait tombait:
deux astronomes suisses avaient détecté de semblables oscillations.
Depuis, on en a découvert autour d'une dizaine d'étoiles.
L'étape suivante, logiquement, c'était une photo.
Pour en savoir plus, lisez: La Quête des origines.
"Extraordinaire", "historique"
La nouvelle s'est méritée la
Une du Washington Post du vendredi 29 mai, en plus de se retrouver sur
tous les fils de presse. La Nasa n'a pas manqué de profiter de l'occasion
pour faire son auto-promotion: la conférence de presse a été
diffusée en direct sur Internet.
"Cette image est non seulement extraordinaire, mais d'une importance
historique", a déclaré aux journalistes Alan P. Boss,
de l'Institut Carnegie, à Washington.
Et le plus paradoxal, quand on sait que des chercheurs ont passé
leur vie à traquer en vain ces planètes extra-solaires, c'est
que cette photo-là
a été obtenue par hasard. L'équipe étudiait
une région, dans la constellation du Taureau, où de nombreuses
étoiles sont en train de naître. C'est à l'analyse d'un
des clichés qu'ils ont remarqué ce "point", nommé
TMR-1C, relié à l'étoile double par un long filament
de gaz.
Très long filament: on estime que la planète tourne à
200 milliards de km de l'étoile, soit plus de 20 fois la distance
entre le Soleil et Pluton, la planète la plus éloignée
de notre système solaire. Elle se serait retrouvée là
après avoir été "éjectée" par
la force de gravité combinée des deux étoiles. Mais
cette distance exceptionnelle -une autre première- est en même
temps un coup de chance: plus près, la planète aurait été
rendue invisible par la luminosité de son étoile.
Une incertitude
L'incertitude qui subsiste concerne l'âge: puisqu'on sait que cette
étoile double a un million d'années tout au plus, alors cette
planète a dû se former en même temps, et ne pas avoir
plus de quelques centaines de milliers d'années. Mais s'il s'agit
d'une naine brune, alors elle pourrait avoir quelques millions d'années,
et ne pas nécessairement avoir été formée en
même temps que ces deux compagnons. Il faudra des années avant
d'en savoir plus.
Mais s'il devait s'avérer qu'une planète puisse exister
autour d'un système d'étoile double -une chose qu'on hésitait
à croire possible jusqu'ici- cela signifierait que les planètes
seraient encore plus répandues qu'on ne le soupçonnait. Même
en sachant fort bien qu'une planète de cette taille ne peut pas abriter
de vie -il ne peut s'agir, comme Jupiter, que d'une boule de gaz- sa présence
signifie que la formation de systèmes solaires est le résultat
peut-être inévitable du processus de formation des étoiles.
TMR-1C ne serait donc que le premier pas vers... Qui sait?
Communiqué
de l'Institut du télescope spatial Hubble
Les
photos
Agence Science-Presse: Planètes
extra-solaires |