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La grippe du poulet: grosse nouvelle, petit virus
Il y a une chose, avant toutes les autres, qu'il faut retenir au milieu
de cette avalanche de nouvelles en provenance de Hong-Kong: c'est qu'à
ce jour, on ignore toujours si cette fameuse "grippe du poulet"
peut se transmettre entre humains. Mieux encore: les probabilités
que ça soit le cas semblent extrêmement minces.
On n'est pas loin d'assister à une panique dans les hôpitaux
de Hong-Kong. Et s'il fallait qu'on apprenne demain matin qu'un cas a été
signalé en Amérique du Nord ou en Europe, ou s'il fallait
même qu'une rumeur le laisse croire, on ose à peine imaginer
le vent de panique que cela ferait souffler.
Et pourtant, ce vent de panique ne serait pas loin d'être totalement
injustifié: parce qu'à ce jour, on ne sait toujours pas si
ce virus est bel et bien transmissible d'un humain à un autre. Au
contraire, tous les indices dont on dispose laissent plutôt croire
que non.
La nouvelle est en fait ailleurs: elle n'est pas d'ordre médical
ou social, mais d'ordre scientifique: avec ce virus, une souche du banal
virus de l'influenza, baptisé H5N1, on assiste à un phénomène
scientifique rare, celui où un virus qu'on croyait exclusif aux volailles
semble -et insistons bien fort sur le mot "semble"- être
capable de se transmettre à un humain. D'un point de vue d'épidémiologiste,
c'est donc une occasion d'approfondir nos connaissances sur les virus et
sur leur transmission.
Certes, ça ouvre aussi la porte à des scénarios
inquiétants: tant que le virus n'est capable de se transmettre que
de la volaille aux humains, on peut limiter les risques en tuant les volailles
-c'est la mesure radicale décidée le 31 décembre par
les autorités de Hong Kong, et qui, en fin de semaine, faisait
rugir les éleveurs de volailles. Mais s'il devait s'avérer
que ce virus est également capable de s'adapter à l'organisme
humain au point où il puisse se transmettre d'un humain à
un autre, alors les risques d'épidémie seraient terrifiants
-puisqu'il n'existe pas, pour l'instant, de vaccin.
Mais on est loin d'en être là: bien que le virus détecté
sur les trois personnes décédées jusqu'ici ait été
identifié comme le H5N1, virus de la "grippe du poulet",
les experts n'ont toujours pas été en mesure d'affirmer que
certaines des victimes l'avaient attrapé d'un autre humain. Et ça,
c'est une très bonne nouvelle.
Un virus qui frappe l'imagination
Si cela vous surprend, il y a de quoi. Parce qu'on en a tant et tant parlé
de cette grippe, depuis que l'Organisation
mondiale de la santé (OMS) a pour la première fois confirmé,
le 8 décembre, qu'il s'agissait bel et bien du virus H5N1, ou influenza
A, qu'on croyait jusqu'ici exclusif aux volatiles (poulets et canards),
les médias ont tant et tant ciblé les victimes (trois confirmées
jusqu'ici, et entre 16 et 21 personnes atteintes, selon les rapports) que
la "grippe du poulet" est devenue plus grosse dans l'imagination
populaire qu'elle ne l'est dans la réalité.
Voici ce qu'on sait pour l'instant: bien que les journaux américains,
comme le Chicago Tribune, aient abondamment relayé les
propos, le 27 décembre, des cinq épidémiologistes américains
dépêchés à Hong Kong par le Centre de contrôle
des maladies d'Atlanta, selon lesquels "des éléments
de preuve" permettent de "suggérer" qu'il "serait
possible" pour des humains de transmettre ce virus à d'autres
humains, ces mêmes médias ont beaucoup moins insisté
sur le fait que ces mêmes épidémiologistes soulignent
que ce type de transmission serait "extrêmement difficile":
seulement deux des 319 personnes qui furent en contact avec la première
des victimes -un jeune garçon décédé en mai
dernier- étaient porteuses du virus. Et encore, pour l'une d'entre
elles, la possibilité qu'elle ait pu l'attraper par exposition à
de la volaille ne pouvait être écartée.
"Les résultats laissent ouverte la porte à une transmission
de personne à personne. Toutefois, une telle transmission, si elle
devait se produire, semble inefficace à ce stade-ci."
Se préparer au pire
Si l'attitude officielle des scientifiques semblent donc être de calmer
les ardeurs, elle apparaît inefficace auprès des autorités
hongkongaises qui, après avoir ordonné
l'abattage de 1,3 million de poulets, ont ajouté, en plein Jour
de l'An, un nouvel avertissement: méfiez-vous
des poulets congelés.
L'avertissement, il faut toutefois le préciser, est venu après
la publication d'un autre communiqué de l'OMS, affirmant que le virus
H5N1 pouvait survivre -en théorie- à des températures
aussi basses que moins 18 degrés Celsius.
Ces mêmes autorités se préparent également
au pire, à savoir le lancement d'une campagne massive de vaccination.
Depuis le début-décembre, quelque 2000 travailleurs de la
santé, membres des familles ou proches des victimes, ont été
soumis à des prises de sang. Et l'OMS, encore elle, mentionne dans
ses rapports réguliers que s'il devait s'avérer que le virus
peut bel et bien se transmettre d'humain à humain, la préparation
d'un vaccin, pour l'instant inexistant, pourrait prendre des mois.
Mais le lancement d'une campagne internationale pour la production d'un
vaccin semble peu probable, au vu des dernières données: "en
l'absence de tout signe de transmission d'humain à humain du virus
de l'influenza H5N1, aucune nouvelle mesure, telle que des interdictions
de voyager ou une quarantaine, n'est recommandée", concluait
l'OMS dans son dernier rapport, le 23 décembre.
Depuis ce 23 décembre, le nombre de cas a certes continué
d'augmenter, et il est à prévoir qu'il s'en ajoutera d'autres
au cours des prochains jours, mais ceci est davantage le résultat
des tests de dépistage menés dans tous les hôpitaux
de Hong Kong, que d'une propagation du virus.
Le Centre de contrôle des maladies d'Atlanta affirme être en
mesure d'être plus affirmatif sur la source du virus d'ici la fin
de janvier.
C'est quoi, la grippe du poulet?
1. La "grippe du poulet", de son nom scientifique H5N1,
est à ajouter
à la longue liste des maux causés par le virus de l'influenza,
mieux connu sous le nom de "grippe". La "grippe du poulet"
n'est donc qu'une souche parmi beaucoup d'autres du virus de la grippe.
2. L'influenza est, comme tous ceux qui ont déjà
eu la grippe le savent -à ne pas confondre avec un banal rhume- une
infection virale hautement contagieuse, qui affecte le système respiratoire.
Elle se transmet, sous sa forme courante -celle qui affecte les humains-
par la salive, en particulier par l'intermédiaire des éternuements
et des "nez qui coulent".
3. En ce qui concerne plus particulièrement la souche de l'influenza
qui nous intéresse ici, la "grippe du poulet" ou H5N1,
elle est connue chez les volatiles (poulets et canards) depuis son identification
en Afrique du Sud en 1961, et on la croyait limitée à ces
animaux jusqu'en mai 97. C'est à cette date, alors que Hong Kong
venait justement de connaître une épidémie dévastatrice
de cette grippe chez ses poulets, qu'un
garçon de trois ans mourait là-bas des suites d'une infection
à ce que les médecins allaient identifier comme le H5N1.
De nouveaux cas furent découverts à la mi-novembre 97, déclenchant
la secousse que l'on ressent depuis.
4. Rappel: attraper
une maladie d'un animal n'est pas chose rare. Au contraire, aussi loin
que l'on puisse remonter dans l'Histoire, on découvre des virus transmis
par des animaux domestiques ou d'élevage, ou par des animaux servis
au dîner. Il ne faut jamais perdre de vue que les humains et les animaux
partagent de grandes similitudes au niveau de l'ADN, la base de toute forme
de vie. Les liens sont encore plus étroits avec nos cousins les mammifères
-et les virus en profitent allègrement.
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