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Armageddon : la science passée au tordeur
Le moins qu'on puisse dire, c'est que pour un
film de science-fiction, Armageddon ne fait pas honneur au mot "science".
Là où son prédécesseur de deux mois dans la
série des films-catastrophes, Deep Impact, avait présenté
une collision avec une comète de façon assez réaliste,
Armageddon a même réussi à embarrasser des astronomes,
eux qui en ont pourtant vu d'autres au cinéma.
La prémisse de ce film est connue: un astéroïde "grand
comme le Texas" vient d'être découvert; il file en droite
ligne vers la Terre; il la percutera dans 18 jours; ce sera la fin du monde.
Le problème, c'est qu'un astéroïde "grand comme
le Texas", soit plus de 1300 kilomètres de large, ça
n'existe pas. Le plus gros astéroïde connu, Cérès,
fait 1000 km de côté... et il a été découvert
en 1801. On imagine mal un rocher de 1300 km qui serait passé inaperçu
jusqu'en 1998, alors qu'on en découvre tous les mois qui font moins
de un kilomètre!
"Ce n'est pas seulement trop gros, s'insurge David Morrisson, du
Centre de recherche Ames, affilié à la Nasa, c'est un million
de fois trop gros".
David Morrisson pourrait pourtant se réjouir de ce qu'un tel film
fasse prendre conscience au grand public de la menace que présentent
les astéroïdes, lui qui travaille précisément
à cela, notamment par l'intermédiaire d'un site Web consacré
aux risques de collision cosmique (Asteroid
Comet Impact Hazard). Mais il se demande si le film n'aura pas plutôt
pour effet de semer la confusion.
Parce que film-catastrophe ou pas, vous n'avez pas besoin d'un astéroïde
"grand comme le Texas" pour menacer l'humanité et créer
un suspense. L'astéroïde qui a mis fin à la carrière
des dinosaures il y a 65 millions d'années, faisait à peine
1 km et demi de diamètre. Sauf qu'à l'échelle cosmique,
et à la vitesse où ça frappe, c'est déjà
largement suffisant pour orchestrer une fin du monde.
Et il y a pire dans Armageddon. En théorie, si un astéroïde
se dirigeait vers la Terre, la stratégie la plus sûre, quoique
technologiquement pas facile à mettre sur pied, serait
de provoquer une gigantesque explosion nucléaire à proximité
(et non pas à l'intérieur) de l'intrus, dans l'espoir
qu'elle le fasse dévier de sa course. Au lieu de cela, Bruce Willis,
dans le rôle d'un foreur, est envoyé là-bas avec son
équipe pour enfouir une bombe à 250 mètres sous la
surface, afin qu'elle pulvérise l'astéroïde en deux parties
égales, lesquelles passeront de chaque côté de la Terre.
On peut admettre sans difficultés, écrit la revue Sky and
Telescope, que pour les
besoins du suspense, il soit préférable d'envoyer des astronautes
plutôt qu'un missile nucléaire automatique. Mais quelles sont
les chances qu'une bombe fasse éclater un astéroïde en
seulement deux parties et que celles-ci se divisent avec une aussi parfaite
précision? Aucune. Même
le plus brillant des foreurs n'y parviendra jamais -du moins, évalue
le chroniqueur scientifique du réseau de télévision
ABC, certainement pas en plaçant une bombe à seulement 250
mètres de profondeur, sur un rocher de 1300 km de large!
"Armageddon est totalement déphasé quant à
la quantité d'énergie requise pour faire sauter un tel astéroïde
(grand comme le Texas), s'emporte le spécialiste américain
des planètes Dave Crawford. Un
tel exploit, calcule-t-il pour le service de nouvelles Gannett, nécessiterait
une puissance de l'ordre de 20 à 30 trillions de tonnes, soit 1000
fois la quantité d'énergie disponible... dans l'ensemble de
l'arsenal nucléaire mondial!
Et les foreurs n'améliorent certainement pas leurs chances en
tentant de sauver l'humanité alors que l'astéroïde n'est
plus qu'à trois jours de la Terre: à l'échelle cosmique,
c'est la porte à côté. "Tenter de détruire
ou de détourner un astéroïde aussi large quelques jours
seulement avant l'impact serait futile», déclare un ingénieur
à la retraite de la Nasa, Ivan Bekey, qui a pourtant été...
conseiller scientifique pour Armageddon.
Bon cinéma à tous!... |