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C'est quoi, El Nino?
On parle énormément de lui cette année: en fait, il
est devenu une vedette. Il s'appelle El Nino, et il existe depuis des siècles.
Mais il n'a jamais été autant étudié que cette
année -et c'est peut-être la raison pour laquelle on parle
autant de lui cette année.
El Nino, c'est un courant d'eau chaude. C'est un cycle. C'est un phénomène
climatique. C'est un effet domino. C'est une partie d'un plus vaste bouleversement
climatique, connu sous le nom de El Nino Southern Oscillation, ou ENSO.
En fait, on ne sait pas exactement ce que c'est. On sait que c'est gros
-une fois et
demie la taille des Etats-Unis. On sait qu'il arrive, qu'il
est à nouveau avec nous cette année, après une
absence de six ou sept ans -mais c'est à peu près tout ce
qu'on sait de lui. Sinon
qu'il réchauffe l'eau du Pacifique. Laquelle eau, réchauffe
à son tour l'air. Lequel air plus chaud produit son petit effet au-dessus
des terres entourant le Pacifique, de l'Australie à l'Alaska en passant
par les Etats-Unis -et au-delà.
Ceci étant, au cours des derniers mois, on a accusé El
Nino d'à peu près n'importe quoi, des feux de forêts
aux inondations en passant par les sécheresses.
Les climatologues disent que c'est le plus puissant El Nino de l'histoire
récente. Le plus puissant, à tout le moins, depuis son dernier
pic, en 1982-1983. A cette époque, quelque 2000 personnes avaient
perdu la vie dans des inondations, des glissements de boue, des incendies
et des sécheresses, des dizaines de milliers avaient dû quitter
leurs maisons, et les pertes économiques s'étaient élevées
à 8 milliards $ à travers le monde -dont 1,5 milliard aux
Etats-Unis seulement.
Ces
chiffres proviennent d'un article paru à la Une du Washington Post
le 21 septembre. Car El Nino, phénomène rare pour un phénomène
climatique, a fait la Une de très nombreux journaux depuis quelques
semaines.
En vaut-il la peine? Est-ce vraiment le
pire du siècle, comme titrait le Time cet été?
Certains commencent au contraire à dire tout haut que le fait
qu'on ait davantage de moyens pour l'observer aujourd'hui qu'en 1982 le
fait paraître pire qu'il ne l'est en réalité. Il est
certain que ce phénomène cyclique -il revient à des
intervalles variant entre deux et sept ans- atteint cette année le
sommet de son cycle -mais quant à savoir si celui-ci est vraiment
le pire des
150 dernières années, c'est une autre histoire.
"Nous nous préparons pour le pire, mais nous espérons
le meilleur", a déclaré au Washington Post Douglas P.
Wheeler, secrétaire californien aux ressources, en énumérant
les colloques scientifiques, symposiums et autres audiences tenues cet été
ou prévues cet automne autour du désormais célèbre
El Nino.
L'Enfant du Christ
El Nino atteint généralement sa plus haute intensité
en décembre, d'où son nom, l'Enfant du Christ en espagnol,
qui lui a été donné il y a longtemps par des pêcheurs
péruviens. Si la tendance se poursuit, évaluent les scientifiques,
la version 1997 d'El Nino pourrait amener une chaleur telle dans l'océan
que la température à la surface grimperait en moyenne de 3,5
degrés Celsius -avec des impacts ressentis sur mer et sur terre:
entre autres, des récoltes perdues. Les producteurs équatoriens
de cacao évaluent à pas moins de 60 p. cent leurs pertes potentielles.
Mais El Nino aurait aussi des avantages. Au Pérou, habitants et touristes
ont pu profiter de plages magnifiques en plein milieu de l'hiver. Aux Etats-Unis,
les résidents de la côte Est pourraient faire face à
moins d'ouragans en provenance de l'Atlantique.
Tout ceci dépend-il vraiment d'El Nino? Et si oui, comment départager
les prévisions alarmistes de celles qu'il faut prendre au sérieux?
Nul
ne peut le dire, déclare la columnist du Philadelphia Inquirer.
"Il est difficile de donner du sens à El Nino. C'est peut-être
le seul événement météorologique régulier
dans le monde entier, et pourtant, il réussit à surprendre
chaque fois qu'il réapparaît -comme il vient, tout récemment,
de le faire dans l'Océan Pacifique."
"El Nino travaille de façons apparemment paradoxales. Toutes
les quelques années, pour de mystérieuses raisons, les vents
dans le Pacifique équatorial s'affaiblissent. Un courant d'eau chaude
de surface soudainement vire de l'Ouest vers l'Est, réaménageant
les vents globaux et le tableau des précipitations, amenant de fortes
pluies dans certaines régions, aucune pluie dans d'autres, et le
chaos ailleurs.
Des poissons tropicaux à San Francisco
Chose certaine, on
a capturé cette année des poissons tropicaux sous le Golden
Gate, rapportaient le 3 septembre les journaux de San Francisco. La
présence du Mahi mahi, un poisson vorace qu'on ne trouve normalement
que dans les eaux équatoriales, a été signalée,
ainsi que celle de l'espadon. Plus au Sud, des pêcheurs californiens
ont dit avoir aperçu des poissons encore plus exotiques.
Dans plusieurs parties du globe, selon le Washington Post, les effets d'El
Nino auraient commencé dès cet été. En Indonésie,
où la sécheresse a commencé dès le mois de mai,
les plantations de café sont menacées. Et ce risque n'était
rien à côté de celui des incendies de forêts,
qui se répètent chaque année là-bas, mais que
la sécheresse de cet été -attribuable ou non à
El Nino?- a considérablement amplifiés.
Autrement dit: les
incendies désastreux de cet été, qui depuis l'Indonésie,
envoient un panache de fumée au-dessus de toute l'Asie du Sud-Est,
ne sont pas causés par El Nino, mais par l'homme. Mais la sécheresse
dévastatrice, qui a empiré les choses, pourrait, elle, être
dû à El Nino.
Ceci dit, dans la mesure où les scientifiques eux-mêmes avouent
leur profonde ignorance devant El Nino, on n'est guère plus avancé.
Ce n'est que depuis les années 70 que son impact planétaire
est devenu évident, bien qu'il soit connu des pêcheurs péruviens
et étudié par les océanographes et les biologistes
marins -en raison de son effet sur les populations de poissons- depuis beaucoup
plus longtemps. Et encore a-t-il fallu attendre les désastreuses
températures de 1982-1983 pour générer une attention
accrue de la part des scientifiques et des décideurs.
C'est la raison pour laquelle le El Nino de 1997-98 sera le plus étroitement
observé de l'histoire: navires océanographique dans les eaux
tropicales du Pacifique, satellites et bouées stationnaires pour
récolter des montagnes de données sur la température
à la surface de l'eau, la vitesse et la direction des vents, et les
courants océaniques.
El Nino revient-il plus fréquemment, et avec plus de force, depuis
le début des années 90, comme le prétendent certains,
en raison du réchauffement global causé par l'activité
humaine? Ou tout cela fait-il partie de fluctuations normales mais encore
largement inconnues, dans la vie de notre planète? Peut-être
en saurons-nous un peu plus à la fin du présent cycle...
La "page officielle"
du El Nino Southern Oscillation (ENSO) |