Laurentides: eau potable menacée
par un site d'enfouissement
(ASP) - Après sept mois, la rumeur
a été confirmée: le lieu denfouissement
sanitaire (LES) de Sainte-Sophie dans les Basses-Laurentides
contamine d'ores et déjà l'eau potable.
Et ce, alors que le propriétaire demande l'autorisation
d'agrandir son site d'enfouissement.
La rumeur qui circulait dans le milieu agricole
a été confirmée la semaine dernière
par des fonctionnaires du ministère de lEnvironnement
lors des audiences publiques sur cette demande dagrandissement,
menées par le Bureau daudiences publiques
sur lenvironnement (BAPE). " Ce projet
dagrandissement, dénonce la Coalition laurentienne
pour une gestion régionale des déchets,
est essentiellement un projet de méga-enfouissement
pêle-mêle et dimportation de 9 millions
de tonnes de déchets."
" Il faut obtenir lassurance
de sécuriser lancien site avant toute chose ",
a réclamé Luc Maisonneuve, au nom de la
Fédération de lUnion des producteurs
agricoles des Laurentides-Outaouais.
En juin 2003, un agriculteur qui forait
un puits pour irriguer ses champs, a remarqué que
des bulles gazeuses sen dégageaient. Des
analyses des étangs dirrigation et de fossés
des alentours ont démontré une contamination
de leau par du lixiviat sur 1,2 kilomètre.
Les audiences du BAPE ont permis dapprendre
que la nappe deau souterraine, en s'étendant
vers le sud, a également contaminé deux
des cinq puits dapprovisionnement de la municipalité
de Sainte-Anne-des-Plaines.
"On a des vrais problèmes à
Sainte-Sophie ", déclarait le ministre de
lEnvironnement, Thomas Mulcair, à lAssemblée
nationale le 2 août 2003. En juin, il avait refusé
un décret durgence qui aurait permis au propriétaire
du site, la multinationale Intersan, daugmenter
le tonnage de ses enfouissements, sans attendre les audiences
publiques du BAPE.
La contamination provient de lancien
dépotoir, opéré depuis le début
des années 60 par les Services Sanitaires
Richer et vendu à Intersan au début des
années90. Des analyses de la circulation
des eaux souterraines remises par lentreprise au
Ministère de lEnvironnement du Québec
montrent clairement des traces de pollution au lixiviat
depuis 1997. Le ministère navait pas jugé
pertinent den informer la population ni les élus
de la MRC Rivière-du-Nord.
" Aujourdhui la pollution se
retrouve tout près dactivités agricoles,
de nappes deau potables utilisées par une
municipalité, de résidences et dun
camping ! Et il a fallu les audiences publiques pour que
le ministère la reconnaisse ", a dénoncé
Normand Beaudet du Collectif Alerte à lenfouissement,
un membre de la Coalition.
M. Beaudet ajoute que la technique du bioréacteur
proposée par Intersan (pour capter le méthane
produit par la fermentation du LES), ne fait pas lunanimité,
pose des problèmes environnementaux et nest
pas éprouvée, quoiquen dise lentreprise.
" De plus, elle est à rejeter dans un
contexte de méga-enfouissement compte tenu des
impacts environnementaux du transport par camion de ces
millions de tonnes de déchets. "
L'agrandissement demandé par Intersan,
qui serait aménagé à l'Ouest du site
actuel de Sainte-Sophie, occuperait 53 hectares et offrirait
une capacité denfouissement de lordre
de neuf millions de tonnes. Avec une exploitation annuelle
dun million de tonnes, la durée de vie du
site est donc estimée à neuf ans.
En plus de l'agrandissement du site d'enfouissement
actuel, le promoteur propose de mettre en place des infrastructures
complémentaires de recyclage et de récupération
tels qu'un centre de tri et de récupération,
une déchetterie commerciale, une déchetterie
domestique, une plate-forme de compostage sur les terrains
déjà utilisés. Ces infrastructures
complémentaires de valorisation ne seraient pas
soumises à une décision par décret
comme les infrastructures délimination.