Un sol-emblême pour le Québec?
(ASP) - Après le harfang des neiges,
liris versicolore et le bouleau jaune, pourquoi
le Québec ne se doterait-il pas dun sol emblème?
LAssociation québécoise des spécialistes
en sciences du sol (AQSSS) vient de lancer le concours.
Le défi est lancé aux étudiants des
cégeps, des universités et des instituts
dagronomie, qui auront pour tâche de désigner
un type de sol représentant le mieux le Québec.
En soi, ce nest pas une nouveauté.
Chacun des États américains a désigné
son sol emblématique officiel, reconnu par un acte
législatif. Depuis 1997, le Nouveau-Brunswick et
lIle-du-Prince-Edouard ont chacun leur sol emblème
provincial : Holmesville et Charlottetown.
Il faut rappeler que, de façon analogue
à la taxonomie des espèces végétales
et animales, les sols sont classifiés par les pédologues
(spécialistes des sols) en fonction de leurs propriétés
morphologiques, chimiques et physiques. Par exemple, lappellation
Sainte-Rosalie désigne un sol argileux que lon
retrouve dans la plaine de Montréal. Son nom scientifique
est Gleysol humique orthique, mais son nom commun
provient du village près duquel cette série
de sols a été reconnue, décrite,
classée et cartographiée pour la première
fois. Depuis les années 1940, 615 séries
de sols ont été identifiées et cartographiées,
surtout dans les régions agricoles du Québec
méridional.
"Bien plus que dadopter officiellement
un sol comme emblème du Québec, le concours
vise à promouvoir la connaissance des sols, une
ressource naturelle essentielle du patrimoine culturel
québécois", avance Luc Lamontagne,
chercheur à Agriculture et Agroalimentaire Canada
et responsable du concours. " Si la majorité
des gens savent quils ont besoin dair pur
et deau salubre pour demeurer en santé, peu
sont conscients que leur bien-être dépend
également de la santé du sol. Les sols ne
sont pas éternellement renouvelables, doù
limportance de les conserver. Il faut environ 500
ans pour accumuler 2,5 cm de sol dans la couche de surface
dune prairie, mais tout peut se perdre en moins
de deux ans, suite à de fortes pluies ou à
lérosion.
Le sol emblème choisi devra être
une série de sols exclusive au Québec, représentant
un sol dominant et très étendu. Il devra
aussi être reconnu pour son utilisation, par exemple
sa productivité agricole ou forestière,
et posséder une certaine valeur historique. Au
terme du concours, fin juin 2002, le sol désigné
gagnant ne sera pas automatiquement homologué par
le Québec. Mais lAQSSS estime que cest
la première étape...
Emmanuelle Bergeron