Savez-vous ce que vous mangez?
(ASP) - Vrai ou faux? Si vous mangez des
OGM, vos propres gènes se modifieront. Vrai ou
faux? La tomate "normale" n’a pas de gènes.
Ces questions et plusieurs autres ont été
posées à 1008 Canadiens en mai 2001, lors
d’un sondage téléphonique réalisé
par la firme SOM, pour le compte du Centre de recherche
en économie agroalimentaire (CRÉA) et l’Institut
des nutraceutiques et des aliments fonctionnels de l’Université
Laval. Un aliment fonctionnel est un aliment semblable
en apparence aux autres mais qui, disent ses promoteurs,
procure des bienfaits pour la santé, notamment
une réduction des risques de maladies chroniques.
Les chercheurs Gale West, Carole Gendron,
Bruno Larue et Rémy Lambert,
ont concocté 59 de ces questions afin de
mieux mesurer l'état des connaissances des Canadiens
face à ce qu'ils mangent -et ce qu'ils pourraient
manger, si se développe le marché des nutraceutiques
et des aliments fonctionnels.
Et la première constatation est
très nette: les Canadiens connaissent très
mal les différents types d’aliments. Seulement
35% savent que les tomates conventionnelles -en fait,
TOUT ce qui vit- possèdent des gènes. Et
60% des Canadiens pensent que leurs gènes seront
modifiés s’ils mangent des OGM! À cette
question d’ailleurs, les provinces du Québec
et des Maritimes arrivent bonnes dernières, avec
70% de mauvaises réponses.
Mais comble de paradoxe, malgré ce
taux élevé d’échecs, 70% des
Québécois affirment posséder une
certaine connaissance du sujet!
"Les gens pensent, à tort, bien
connaître les OGM", fait remarquer Gale West.
Et encore, ceux qui ont bien répondu savaient-ils
vraiment, ou sont-ils tombés par chance sur la
bonne réponse? Pour en savoir plus, les chercheurs
du CRÉA ont compilé les réponses
à six questions portant sur les méthodes
de production des aliments, et en ont dégagé
un taux de réussite encore plus désespérant:
la Colombie-Britannique remporte la palme… avec 8%
de sa population qui a correctement répondu à
toutes les questions. Le Québec se classe avant-dernier
avec 1,5 %.
L’industrie alimentaire peut tout de
même se réjouir. En effet, plus de la moitié
des Canadiens croient fermement que l’alimentation
joue un rôle très important dans la prévention
de maladies chroniques. De plus, près de 60% d’entre
eux se disent concernés par les maladies cardiaques,
et 70% craignent le cancer. Les chercheurs en concluent
donc que le marché des aliments fonctionnels a
un avenir… en autant que l’industrie songe à
miser sur une meilleure éducation du public. Mais
attention: les consommateurs ne font pas confiance à
n’importe qui. Les plus gros fabricants, en particulier,
n'ont pas la cote. " Espérons que les
résultats de notre sondage aideront les divers
intervenants du secteur de l’alimentation, et principalement
celui des aliments fonctionnels et des nutraceutiques,
à développer leurs stratégies d’affaires
", conclut Gale West.
Nathalie Kinnard
