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Le 17 février 2003



Qui contrôle les médias?

(ASP) - Les uns disent que la concentration de la presse n'a pas eu d'impact négatif, et que le public est même mieux servi qu'avant. Les autres affirment au contraire qu'elle entraîne des pertes d'emplois, une dégradation de la qualité de l'information et une mainmise de la pensée d'une seule personne sur ce qui est diffusé.

Les uns sont les propriétaires; les autres, les journalistes. Leurs visions étaient à nouveau en opposition, lors du congrès annuel de l'Institut d'études canadiennes de McGill, qui portait sur le contrôle des médias au Canada.

Ainsi, pour les représentants des propriétaires qui sont intervenus lors de la première journée de ce colloque, comme Alain Gourd, vice-président chez Bell Globemedia, les fusions et acquisitions des dernières années, loin de nuire, auraient permis d'accroître la diversité de l'information. Il s'en est même trouvé un, Gordon Fisher, président des nouvelles et informations chez CanWest, pour dire que le "bonhomme sept-heures" de toute cette histoire, ce n'est pas le propriétaire, mais les syndicats. Remarque qui a été suivie d'un murmure désapprobateur dans la salle (bondée) de l'Hôtel Omni.

Il faut dire que les journalistes sont inquiets. Un sondage dévoilé à l'occasion de ce colloque révèle que 91% des scribes de neuf quotidiens canadiens croient que les propriétaires "ont des opinions et des intérêts qu'ils aimeraient voir dans leur journal", et que 83% sont convaincus que ces opinions et intérêts sont bel et bien reflétés dans leurs journaux.

Inquiets parmi les inquiets, 56% de ces derniers affirment que les opinions et intérêts des propriétaires sont "régulièrement reflétés dans la couverture des nouvelles".

S'agit-il de la preuve d'un contrôle néfaste des propriétaires qu'attendaient les opposants à la concentration? Non, puisque comme le rappelle l'un des auteurs de l'étude, Stuart Soroka, du département de science politique de l'Université McGill, ces pourcentages ne reflètent que l'opinion des journalistes. Pour savoir réellement ce qu'il en est, il faudrait une analyse du contenu des médias, avant et après leur acquisition par un conglomérat. Etonnamment, une telle chose n'a jamais été faite, du moins à la satisfaction des chercheurs: il existe certes des analyses du nombre d'articles parus sur tel et tel sujet (Soroka en a lui-même mené une sur huit journaux, couvrant les années 1985-1995), mais jamais, à sa connaissance, d'étude qualitative, c'est-à-dire permettant de conclure que la couverture d'un sujet (par exemple, le conflit israélo-palestinien) est devenue plus "orientée" après l'achat du journal par un nouveau propriétaire.

Résultat: les propriétaires ont beau jeu d'affirmer qu'il n'existe aucune preuve empirique que la concentration de la presse a eu un impact négatif sur la couverture journalistique.


A quoi aura servi la concentration de la presse?

Mais il n'y a pas que la couverture journalistique qui soit en cause. Plus les années passent, et plus on a du mal à citer une seule fusion qui a bien fonctionné, d'un point de vue simplement économique, lâche Russ Mills, boursier Neiman à l'Université Harvard et ancien éditeur du Ottawa Citizen.

On n'a pas de données mesurables, renchérit Armande Saint-Jean, de l'Université de Sherbrooke, mais on peut tout de même noter une "tendance à l'uniformisation des contenus et des formats", une "montréalisation de l'information" et des effectifs journalistiques dont le statut est de plus en plus précaire Armande Saint-Jean est celle-là même qui vient de déposer un rapport sur la concentration de la presse à l'intention du gouvernement du Québec -rapport dont les recommandations ont été descendues en flammes par le milieu journalistique.

Arnold Amber, président de l'organisme Journalistes canadiens pour la liberté d'expression, faisait figure du journaliste de service lors de la table-ronde d'ouverture, occupée par quatre représentants des propriétaires. Or, a-t-il lancé en boutade, dans 10 ans, McGill organisera peut-être un autre congrès sur ce sujet. Et ce jour-là, à cette table-ronde, il ne restera peut-être plus que "moi, et un autre gars".

La représentation au sein des différentes tables-rondes de ce colloque de deux jours soulevait par ailleurs un doute: on y trouvait immanquablement un grand nombre de propriétaires ou de leurs hauts dirigeants pour répondre à la question "Qui contrôle les médias au Canada"; on avait ici et là une poignée de journalistes, tous employés de l'un ou l'autre des conglomérats; on avait également quelques chercheurs... mais pas un seul représentant de médias indépendants.

Pascal Lapointe

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