L'agriculture endommage L'Achigan
(ASP) - Le bassin versant de la rivière
L’Achigan, de même que ses eaux de surface
et souterraine, est fortement contaminé par le
phosphore, l’azote, des nitrates et autres pesticides
utilisés par le milieu agricole.
Dans une étude rendue publique récemment,
la Direction du suivi de l’état de l’environnement
du Ministère de l’Environnement met en cause
les cultures fourragères, céréalières
et maraîchères produites sur 147 des 650
kilomètres carrés de cet écosystème
particulier de la région de Lanaudière.
Ainsi, les apports de phosphore dans les
champs excèdent de 40kg à l’hectare
ce dont les plantes et les sols ont besoin pour se nourrir.
Et encore, cette concentration constitue une amélioration
par rapport à la période 1975-1980. " Les
agriculteurs ont été nombreux à participer
à des programmes volontaires de réduction
de la production porcine et ils procèdent à
un meilleur entreposage de leurs fumiers ",
a souligné Michel Patoine, ingénieur et
agronome responsable de l’étude.
L’azote ammoniacal dépasse également
la norme du ministère dans l’eau potable.
Entre 1987 et 1995, sa concentration était telle
qu'elle nuisait au traitement de l'eau potable en interférant
avec le chlore dans l'eau. Même phénomène
en ce qui concerne les coliformes fécaux dont la
concentration dans l'eau en 2001 s’avérait
toujours supérieure aux normes dictées par
le ministère de l’Environnement, autant pour
l’eau de consommation humaine (norme de 1000 UFC/100
ml) que de baignade (200 UFC/100 ml).
Quant aux pesticides, entre 1987 et 1997,
ils se retrouvaient en une concentration dépassant
les normes acceptables. Par exemple, au cours de l’été
1997, des insecticides tels que le phosmet et le diazinon,
ont été mesurés de 3 à 6 fois
supérieurs la norme. Quelque
63 % des 16 puits de surface des producteurs de pommes
de terre et 5 % des 37 puits des producteurs de maïs
de la région de Lanaudière dépassent
la norme de 10mg/litre en concentration de nitrates tolérée.
Plusieurs puits sont aussi fortement contaminés
par l’aldicarbe et la triazine.
Cette situation n’est pas unique aux
producteurs de Lanaudière. Le ministère
a découvert que 60 % des puits autour des
productions de pommes de terre sont également contaminés.
Quelque 8% des puits avoisinant des productions de maïs
du Québec enregistrent des problèmes de
contamination aux nitrates et 21 % sont pollués
par la triazine.
Enfin, neuf des 19 bassins versants étudiés
présentent des dépassements de phosphore
trois fois supérieurs à la norme de 0,030mg/litre.
M. Patoine souligne qu’une étude
de caractérisation qui traitera de l’aspect
bactériologique et des nitrates est en cours et
devrait être publiée au printemps.
En ligne le 24 février
2003 - Modifié le 27 février
Denise Proulx
